J’y ai longtemps réfléchi, me passant la question en boucle dans ma tête. Après tout, abandonner la Confrérie n’est pas un choix à prendre à la légère. Ils m’avaient proposé de l’aide, ils m’ont donné un foyer, et moi je les laisse là comme s’ils n’avaient jamais rien accompli pour moi ? Si c’était vraiment comme ça que les choses étaient, ça signifiais que je suis vraiment quelqu’un de sans scrupule et qui ne pense qu’à lui-même. Mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas vraiment cela. Depuis ma rencontre avec Erika, je me suis mis à douter quelques peu de ce que la Confrérie pensait vraiment de moi, et les rencontres qui ont suivies celles-ci n’ont fait qu’accroitre mes doutes. J’aurais pourtant voulu continuer à croire en eux, mais il fallait bien que je me rende à l’évidence. Au fond, Magneto m’avait offert une aide qui n’arrivait malheureusement pas et qui n’arriverait probablement jamais. Même si le fait qu’il m‘en promette une m’aidait à conserver mon calme, et à espérer, l’espoir finit par s’évaporer quand rien n’arrive au final. Alors c’était vrai ce qu’on me disait? Magneto ne voyait en moi qu’une arme, tout comme le Projet Soldier le pensait avant lui? Je n’ai pas plus de valeur que ça à ses yeux? Non, je suis certain qu’il a plus d’humanité que ça, quand même! Je suis certain qu’il n’irait pas jusqu’à utiliser un simple mutant innocent et troublé comme moi pour servir ses desseins. Il a beau m’avoir menti, je sais qu’il vaut bien plus que ça! Je n’oserais jamais penser en mal comme ça de lui!

-On le sait tout les deux, il ne faisait que t’utiliser dans le but d’assouvir son désir de pouvoir et de destruction sur la race humaine. Au fond, il n’est pas mieux que moi!

Encore le Dark Men qui tentait de remettre en question ce que je pensais. Il essayait toujours de m’ébranler. Et alors que je m’apprêtais à enfin trouver l’aide qu’il me fallait depuis le début, il essaie sans relâche de me faire craquer avant que je n’y arrive. Et pourtant, je suis si près du but, je ne peux pas le laisser gagner. Comme d’habitude, il me fait face, souriant. J’essaie de cacher ma colère et ma frustration derrière un sourire, mais ne réussis qu’à lui signaler que ses paroles avaient eu de l’effet.

-Tu oses le comparer à toi? Il est vrai que Magneto m’a probablement utilisé pour les intérêts de la Confrérie. Mais comparé à toi, il est un saint! Il n’oserait jamais faire ce que tu ferais, ce que tu as fait! JAMAIS!

-Si tu l’idolâtre tant que ça, ton «Magneto», alors pourquoi tu fous le camp? Et en pleine nuit pendant que tout le monde dort en plus de ça! Avoue le, tu te fous totalement d’eux ! Tu as juste eu peur qu’ils t’empêchent de partir ! Tu te fous de leur cause ! Tu te fous même de ton amie aux cheveux violets!
Le fait qu’il signale Hyppy me fit serrer les dents. Cette fille en avait tellement fait pour moi. Juste le fait qu’elle m’ait serré dans ses bras, ça m’a vraiment aidé à me calmer à ce moment là, et j’ai enfin pu profiter de la paix d’esprit tellement je ne portais plus attention au Dark Men. Elle était probablement la meilleure aide que je n’ai jamais trouvé à ce jour, bien que j’espère en trouver une meilleure en venant ici. Le fait que Hyppy m’ait appris les bases de la guitare m’a beaucoup aidé, surtout que je me suis mis à pratiquer à quelques reprises. Elle fut probablement la chose qui me fit le plus hésiter à quitter la Confrérie. Après tout, elle était sympathique, franche, et elle avait vraiment le don de me calmer facilement. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop d’avoir quitté la Confrérie et qu’on pourra se reparler sans que les conflits entre l’institut et la Confrérie s’en mêlent. Quant au fait que j’ai quitté l’endroit durant la nuit, c’est justement parce qu’au fond de moi, j’avais honte de ce que j’étais actuellement en train de faire, et je ne voulais d’aucune manière que les autres membres de la Confrérie me voient les abandonner là. Ça m’aurait vraiment fendu en deux si l’un d’entre eux s’était levé durant la nuit et avait réalisé que je partais d’ici. Ça me faisait vraiment mal. Mais une chose qui ne me manquera pas vraiment, c’est leur cause. J’ai vite réalisé qu’ils n’aimaient pas vraiment les humains et les voyaient comme des obstacles. Pourtant, les humains ne sont pas tous mauvais, et les mutants ne sont pas tous méchants. Je n’ai jamais adhéré au principe de la supériorité mutante, et c’est peut-être ce qui faisait que je ne me sentais pas vraiment à ma place chez la Confrérie.

-Tu sais très bien pourquoi je suis ici! Je ne les ai pas abandonné par égoïsme! Je suis ici pour trouver de l’aide. De l’aide pour venir à bout de toi! Ils pourront m’aider, j’en suis certain! Et je pourrai enfin trouver la paix!

-Tu passes si souvent à-côté du bonheur et de la paix et tu ne le remarque même pas…

Il avait parlé tellement bas que je n’avais pas vraiment compris ce qu’il disait. Mais pourtant, j’ai eu l’impression de voir, ne serait-ce qu’une seconde, quelque chose d’autre que du plaisir sadique et de la haine passer dans ses yeux. On aurait dit de la pitié. Mais qu’est-ce qu’il avait bien pu dire?

-Tu répètes?

-Je disais tout simplement qu’au fond, tu te fais manipuler! Tu as été une arme aux yeux du Projet Soldier, tu as été une arme aux yeux de Magneto, et tu resteras une arme aux yeux de cet «Institut Xavier»!

-Ferme là! Ils vont m’accueillir à bras ouverts, tu verras!

-Pour l’instant, je vois qu’ils te laissent au portail d’entrée.

Sur ce point, le Dark Men avait raison. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il y ait une grille pour empêcher les gens d’entrer. Après, Will m’avait pourtant affirmé qu’on m’accueillerait à bras ouverts. Mais quand j’arrivai, je me retrouvais face à un mur dont la seule entrée est une grille fermée. Est-ce que je devais vraiment attendre qu’on vienne m’ouvrir? Il doit probablement être deux heures du matin actuellement, alors cela m’étonnerait qu’il y ait vraiment quelqu’un de réveillé à cette heure. Mais qu’est-ce que je faisais, dans ce cas? J’attendais ici? Totalement hors de question! Je ne veux pas passer ne serait-ce qu’une seule petite minute de plus en compagnie du Dark Men! Non! Il me fallait entrer. Et de toute façon, ça m’étonnerait que ça les dérange tant que cela. Ce n’est pas comme si je ne connaissais personne dans l’institut. Je connais bien Will, qui est probablement mon seul ami, enfin je crois, Erika, bien qu’elle m’ait cassé le nez durant notre dernière rencontre. Juste à y repenser, je tâtai mon nez pour vérifier qu’il était bien réparé depuis le temps. Et puis, il y avait Tyler qui vivait également ici. Au final, je connaissais plus de personnes à l’institut que dans la Confrérie. Alors au fond, qu’est-ce que je faisais à attendre ici? Je n’avais qu’à entrer et venir cogner à la porte. Je regardai le mur qui m’empêchait d’entrer. Je réussi à trouver une partie qui avait deux trois imperfections dessus, probablement des usures du temps ou, qui sait, des attaques de mutants mal dirigées. Je me reculai de quelques pas, puis pris mon élan et sautai dessus, bien entendu, je ne réussi pas à passer par-dessus, mais ce saut me mena au moins à la moitié de l’ascension, ce qui facilita vraiment le reste. Quand finalement, mes mains touchèrent le rebord, je sautai par-dessus le mur en quelques seconde, atterrissant sur mes pieds de l’autre côté. Ça avait été d’une facilité étonnante. Je répugnais totalement à le dire, mais les entraînements intensifs dans la base du Projet Soldier m’avaient vraiment aidé sur ce coup là. Après tout, ce mur n’était qu’un jeu d’enfant en comparaison des parcours qu’on nous forçait à faire là-bas. Le nombre de fois où je me suis fracturé une jambe ou un bras en tombant du mur d’escalade sont innombrables, alors un petit mur comme celui-ci ne me faisait pas peur.

-Bravo. À un seul détail près bien sur. Tu as totalement planté ton entrée!

Je n’étais pas sur de comprendre ce qu’il voulait dire par là, mais ça m’énervait. Pourquoi ne pouvait-il pas se la fermer? Je savais parfaitement que ce qu’il venait de dire avait du sens, mais quel sens? Il commençait, vraiment, mais vraiment à m’énerver. Je pris mon pistolet et tirai trois coups sur lui. Mais comme d’habitude, les balles traversèrent. Et en plus de cela, je réalisai que j’étais actuellement menacé par un système de défense qui ne semblait pas des plus amicaux. Mais d’où ça sortait, tout à coup? Je lâchai mon arme au sol, de peur de me faire attaquer. Puis, je levai les mains bien en l’air, histoire qu’on puisse voir que j’étais en danger. Je réalisai alors que la Dark Men applaudissait sarcastiquement depuis plusieurs minutes déjà.

-Bravo!

-Ferme là! Et en plus, tu savais!

-Seulement pour les caméras. Je ne m’étais pas attendu à un si bel attirail!

Puis, je réalisai qu’il y avait des personnes qui sortaient de l’institut. Alors ils ne dormaient pas tous à cet heure? Mais en même temps, il est vrai que ma petite entrée avait bien dû être remarquée. Pendant qu’ils approchaient, je tentai de voir leur visage, espérant trouver celui de Will ou Tyler, ou même Erika qui sait. Mais il faisait trop noir, et ma mutation ne consistait pas en vision infrarouge. Bon, la seule chose que je pouvais vraiment faire, c’était de leur expliquer pourquoi j’étais là.

-Je suis… je viens chercher de l’aide à l’Institut Xavier. Je connais quelqu’un ici…

Mais rapidement, quand ils furent assez proches, je pus distinguer le visage de Will. Mon visage s’illumina de joie.

-Will! Tu te rappelle de moi? Evan! Et bien… tu m’avais dit que vous seriez prêt à m’accueillir alors…

Une marche, puis une deuxième. Ses pieds glissés dans de simples chaussures rongées par les années s’écrasaient lourdement sur chacune des marches s’étendant devant elle. Elle était ensommeillée, prisonnière d’une dimension qui n’était pas la sienne. Existait-elle toujours dans ce monde ou n’était-elle plus qu’un spectre délaissé, errant dans les éternels couloirs sombre de l’institut ? Parfois, elle craignait que ce ne soit la pure et simple réalité…


Minuit. Erïka dormait paisiblement, portée par les bras réconfortants de Morphée qui avait consenti à lui octroyer quelques maigres heures d’attention. Elle s’était emmitouflée afin de ne pas avoir froid durant cette nuit hivernale. Certes, le temps s’était adouci, la température s’était montrée clémente même lors de ces journées de tempête. Le printemps approchait à grand pas, les bourgeons ne tarderont pas à poindre sur les arbres dépourvus de parure, la neige s’évaporait à vue d’œil, disparaissant dans une herbe fatiguée ainsi qu’une terre boueuse.

Une heure trente. Son sommeil était agité. Morphée avait bien mieux à faire que de la bercer sur un petit nuage de soie. Elle fut rattrapée par un mal la hantant depuis son adolescence : cauchemars. Il suffit d’affreuses images dignes des plus grands films du cinéma gore de tous les temps, vestiges de son passé, remixer en un tourbillon de souffrances, de peur et d’hémoglobine afin de faire soudainement émerger une Erïka en panique de son sommeil. Elle attrapa sa tête entre ses mains, parcourut chaque centimètre de son crâne avant de constater qu’aucun individu n’y avait planté de longs clous dans cette réalité. Apeurée, paranoïaque, aux aguets, elle se méfiait du moindre objet, réagissait au moindre son lui parvenant aux oreilles. Son pouvoir activé, en accord avec le système sympathique de son corps qui la poussait à fuir cette pièce lui semblant soudainement être l’effroyable antre du mal.

L’adolescente se pencha et fouilla frénétiquement dans son sac afin d’y trouver son arme à feu. Lors de longues minutes semblant durer une éternité, Erïka tergiversait entre deux options s’imposant à elle : fuir immédiatement cette pièce où, comme dans son cauchemar, le mal viendrait la chercher afin de la torturer sans possibilité de fuite, et rester en ces lieux, se dissimulant sous d’épaisses couvertures afin de disparaitre aux yeux d’éventuels agresseurs.

Dégageant ses couvertures d’une main, la jeune fille se leva en vitesse et s’éloigna à grand pas de son lit de peur qu’une main n’attrape soudainement sa frêle cheville. Une veste trop grande au sol, une paire de chaussures de course, voilà tout ce dont elle avait besoin. Nul besoin de chaussettes. Elle les enfila sans problème et quitta cette terrible pièce, pourtant inoffensive. Dans l’esprit d’Erïka, cet endroit abritait les pires monstres, des démons inimaginables aux masques disjonctés à l’apparence inhumaine. Enfilant sa veste à la vitesse de l’éclair, la mutante courut à travers les divers couloirs de l’institut jusqu’à se retrouver devant une porte de bois. Elle cogna trois fois avec force. Son arme à feu dans une main, elle la rangea dans son dos, coinçant une partie de l’arme dans l’élastique bien serré de son pantalon de nuit, sa longue veste dissimulant le tout. Elle reprenait peu à peu le contact avec la réalité. Son cœur battait toujours aussi rapidement, elle était également essoufflée. Elle ne réalisait pas cette connerie que de réveiller ses amis alors qu’il était deux heures du matin.

Lorsque la porte s’ouvrit, Erïka recula d’un pas. Will. Il avait finalement quitté le confort de son nid douillet afin de lui répondre. Malgré la pénombre, l’adolescente arrivait à distinguer les principaux traits de son visage. Que pouvait-elle lui dire ? Qu’un pauvre psychopathe avait trouvé refuge dans son placard, attendant le bon moment pour lui faire subir mille et un sévices ? Non, elle ne pouvait avouer craindre ce genre de bêtises qui étaient, pourtant, si réelles à ses yeux. Elle ouvrit la bouche pour parler, justifier sa venue à sa chambre, mais ses cordes vocales s’étaient enfermées dans un mutisme dont la jeune fille ne pouvait les sortir. Les gestes valant parfois mieux que certaines paroles sans importance, la mutante s’avança d’un pas vers son ami et passa ses bras autour de sa taille, le serrant dans ses bras. Elle tremblait.

Réconfortante, cette étreinte était un doux retour à la réalité, une échappatoire à cette constante douleur la consumant comme une petite flamme tapis au fond de son être. Erïka ferma ses yeux larmoyants et se concentra sur la moindre respiration de Will. Les battements répétés de son cœur parvenaient clairement à ses oreilles, lui intimant de l’imiter. La peau chaude du rouquin réchauffait son frêle corps frigorifié. Au bout d’une longue minute, l’adolescente relâcha l’homme et s’éloigna de lui d’un simple pas. Elle passa une main fatiguée sur son visage rongé par la terreur.

Si ses cordes vocales ne l’empêchaient pas de s’exprimer, Erïka l’aurait fait. Cependant, elle peinait à prononcer le moindre mot. Afin de renforcer cette manifestation, une étrange boule se forma dans la gorge de l’adolescente, l’obligeant à se taire. Il lui fallut de très longue seconde avant de bredouiller quelques mots. Elle demanda au rouquin de l’accompagner à l’étage inférieur de l’immense manoir qu’était l’institut. Incapable d’expliquer pourquoi, elle se contenta d’attendre une réponse qui ne se fit pas attendre bien longtemps. Amy dormant à poing fermé, comme la grande majorité des résidents, Will accepta de quitter la chambre sans elle et d’escorter la russe dans un endroit éclairé.


Un pas, puis un autre. Silencieusement, Erïka s’avança dans le hall. Les immenses rideaux dissimulant de tout aussi grandes fenêtres lui masquait l’inquiétante beauté de cette nuit sans étoile. L’adolescente se tourna lentement vers Will. Elle lui devait des explications pour l’avoir tiré du lit à une heure si matinale. Pourquoi lui cacher ses craintes alors qu’il finira bien par les découvrir un jour ou l’autre ? Elle plaçait une partie de sa confiance en lui, comme un investissement qu’elle souhaitait découvrir payant à long terme. Incapable de plonger ses yeux rougis dans cette seule perle émeraude brillant au côté d’un discret cache-œil, l’adolescente fit quelques pas en direction de la salle de séjour, là où ils pourraient s’assoir confortablement. Elle en profita pour tenter de mettre le doigt sur ces mots qui décriraient avec perfection ce qu’elle ressentait en ce moment même.

-« Je… J’ai fait un affreux cauchemar et je ne pouvais pas rester seule… j’avais si peur…je… »

Pan. Pan. Pan. Trois coups. L’adolescente posa ses mains sur ses oreilles, ils résonnaient avec force, heurtant ses tympans de plein fouet. Que se passait-il ? Ses cauchemars devenaient-ils réalité ? Une vague de panique émergea et se répandit dans l’ensemble de son corps. Que devait-elle faire ? Rester ici et se cacher ? Trouver la provenance des coups de feu et abattre de sang-froid leur auteur avant qu’il ne cause du tort ? Elle hésita. Ce fut une voix familière lui parvenant aux oreilles qui influença sa décision.

-« -Ferme là! Et en plus, tu savais! »

Elle avait déjà entendu cette personne lui adresser la parole par le passait, mais n’arrivait pas à déterminer l’identité de l’individu. Un homme, jeune. Son esprit embrumé traitait l’information avec la rapidité d’une tortue unijambiste, ne pouvant fournir le moindre nom à l’adolescente qui s’avança avec prudence vers l’une des imposantes fenêtres situées près des portes d’entrée principales. Timidement, avec une bonne dose de courage, la jeune fille tira un pan de l’épais rideau devant elle afin de constater que le système de défense de l’institut était à présent en fonction. Qui était cet intrus ? Que venait-il faire ici ? Combien étaient-ils ? Le jeune homme s’était adressé à une tierce personne, ils devaient, au minimum, être deux. Peut-être même trois si le tireur avait abattu un individu de ses trois balles. Elle devait aller jeter un coup d’œil. Et si elle connaissait la victime ? Tant de craintes, mais tant de curiosité ainsi que d’inquiétude.

Tournant la tête vers Will, sa chevelure blonde en bataille balayant son dos d’un rapide mouvement, elle laissa tomber le rideau et se dirigea vers la porte principale de l’institut, la déverrouillant et l’ouvrant avec difficulté. Aussitôt, une brise féroce mordit sa peau de porcelaine. Dans son simple habit de nuit, la jeune femme grelottait. Si elle pouvait supporter le froid, habituellement, cette température hivernale avait passé le cap de ce qu’elle était en mesure d’endurer dans sa simple tenue. Elle se glissa tout de même hors du manoir et tenta de percevoir d’autres bruits, de nouvelles paroles pouvant l’aider à identifier cette mystérieuse voix. Cependant, le silence régnait d’une poigne de fer, si l’on omettait le système de défense qui se dégourdissait un peu. Erïka hésita à faire un pas de plus, qui pourrait se révéler fatal. Elle se tourna vers Will.

-« J’ai entendu quelqu’un parler… il s’adressait à une autre personne… Je suis certaine de savoir de qui il s’agit, mais son nom ne me revient pas. Il a peut-être tué quelqu’un ? Ou il est blessé ? »

Afin de se rassurer, elle passa une main derrière son dos afin d’agripper son arme à feu. Elle n’avait jamais servi, jusqu’à présent, ce qui était une très bonne chose. Ainsi, le chargeur était toujours plein. Retirant le cran de sécurité, l’adolescente pointa le canon vers le sol. Elle était prête à aller voir ce qui se passait à la condition que son ami l’accompagne. Seule, elle craignait de prendre peur. Et pourtant, depuis quand Erïka démontrait la moindre once de crainte ? Probablement depuis ce moment où un malade imaginaire avait tenté de lui faire subir de douloureux sévices dont le réveil brutal fut le seul remède.

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* C’est une notion de psychologie. En gros le système nerveux sympathique prépare une personne à l’attaque ou la fuite. Dans ce cas-ci, Erïka prend ses cauchemars pour la réalité. Elle est certaine qu’une personne, comme dans son cauchemar, est cachée dans sa chambre afin de la tuer. Son cœur bat rapidement, la sensation de faim disparait, elle a tous les sens en alerte, ses pupilles se dilatent, etc.*
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Pour une fois, William dormait bien. Son sommeil n’était pas peuplé de cauchemars et lui permettait de se reposer convenablement, chose assez rare pour être notable. Il lui arrivait assez fréquemment de somnoler au milieu de la journée car ses nuits étaient courtes. Lorsqu’il vivait dans la rue, il n’avait jamais vraiment l’occasion de dormir bien longtemps, dérangé par quelque chose ou quelqu’un et bien souvent contraint de changer d’endroit au beau milieu de la nuit. Quand Amy et lui avaient enfin un endroit plus ou moins paisible, Will passait une partie de la nuit éveillée pour surveiller les alentours, veillant sur le sommeil de l’italienne. En définitive, il avait l’habitude de dormir assez peu.

Mais désormais, il avait un toit et un lit dans lequel il pouvait dormir sans crainte et aussi longtemps qu’il le voulait. Seulement voilà, puisqu’il pouvait véritablement dormir, il avait maintenant l’opportunité de rêver et surtout de faire des cauchemars. Paradoxalement, maintenant qu’il pouvait dormir tranquille, ces mauvais rêves s’évertuaient à l’en empêcher, le faisant souvent se réveiller en sursaut. Mais pas cette fois. Sa nuit était parsemée de doux rêves et…

TOC TOC TOC

Will se redressa rapidement, surpris par ce bruit soudain. Qu’est-ce que c’était ? Il mit quelques secondes à revenir à la réalité. La pénombre qui régnait dans la pièce lui permettait malgré tout de distinguer ce qui l’entourait. Il tourna la tête vers Amy et constata que contrairement à lui, elle dormait toujours, remuant juste un peu. Il entendait sa respiration, lente, lui confirmant qu’elle ne faisait que changer de position et que le réveil n’était pas prévu au programme. Qu’est-ce qui avait bien pu faire ce bruit ?

Son regard se posa sur la porte de la chambre. C’était ça. Quelqu’un avait frappé. Et pas doucement. Ça n’avait pas été de petits coups discrets mais des coups secs et rapides. Ça signifiait généralement que quelque chose urgeait. Ce genre d’acte était en principe accompagné d’éclats de voix pour affirmer l’urgence de la situation. Pourtant, rien ne venait. Étrange. Will espérait que ce n’était pas l’œuvre d’un petit plaisantin. Qui donc pouvait bien venir les réveiller à cette heure-ci ? Il n’y avait plus aucun bruit, signe que le manoir n’était donc pas en train de brûler. Peut-être avait-il rêvé ? Dans le doute, il valait mieux vérifier.

Il ne prit pas la peine d’allumer pour ne pas réveiller Amy, se leva et se dirigea lentement vers la porte pour éviter de percuter quoique ce soit au passage. Simplement vêtu d’un pantalon de jogging, il ne trouva pas nécessaire d’enfiler autre chose, ne comptant pas aller faire un marathon de toute façon. Il posa les mains sur la porte et chercha la poignée à tâtons avant d’ouvrir. Aucune lumière dans le couloir. Will se frotta l’œil machinalement. Malgré la pénombre, il distingua sans mal une silhouette face à lui. La longue chevelure blonde qui l’accompagnait ne trompait pas sur l’identité de la personne. C’était sans aucun doute Erïka.

‘’Rika… ? Qu’est-ce que tu…’’ commença t-il avant d’être interrompu par l’étreinte de la russe

Surpris, il haussa les sourcils. Ce n’était pas dans les habitudes de la jeune femme de faire preuve d’affection. Surtout aussi soudainement. Surtout au beau milieu de la nuit. Le rouquin ouvrit de nouveau la bouche pour lui demander pourquoi un tel geste lorsqu’il remarqua qu’elle tremblait. Ainsi collée contre lui, il sentait sans mal qu’elle était gelée mais il supposa rapidement que ce n’était pas la raison de ces tremblements. Elle ne serait pas venue ainsi, aussi tardivement, juste pour se réchauffer contre lui. Quelque chose clochait et Will sentit que cette situation était déjà arrivée une fois, bien qu’un peu différemment.

Ce n’était pas le moment de poser des questions. Pour l’instant, une seule chose s’imposait. Le mutant entoura la russe de ses bras, lui rendant son étreinte. Il la serra doucement mais fermement contre lui comme pour lui confirmer sa présence.

‘’J’suis là, t’es plus toute seule, Rika.’’ Murmura t-il d’un ton qui se voulait rassurant bien qu’il ignorait les raisons de sa venue

Peu après, la jeune femme le lâcha et recula d’un pas. Il faisait bien évidemment toujours sombre mais sa vue s’était adaptée au manque de luminosité et il distinguait Erïka un peu mieux. Il put remarquer l’air affolé qui était imprimé sur son visage, marquant ses traits. Que lui était-il donc arrivé ? Il l’observa rapidement, notant qu’elle était assez peu vêtue. Venait-elle de sa chambre ? Sans doute. Pourtant on aurait pu croire qu’elle avait fait un long trajet épuisant avant de venir ici. Erïka, une fille forte et têtue qui ne demandait jamais d’aide pour quoique ce soit et qui savait se débrouiller parfaitement toute seule venait pourtant de frapper à la porte de ses amis. Will savait très bien qu’elle ne ferait pas ce genre de choses sans raison. Quand bien même, il ne la jugerait pas sur les faits. Le simple fait qu’elle ait besoin d’eux suffisait, peu importe la raison.

Il la regarda d’un air interrogateur, attendant un mot, une phrase, une explication mais rien ne venait. Elle devait vraiment être sous le choc pour rester ainsi sans rien dire. Parfois, on était tellement mal que même les mots ne sortaient plus. Il n’allait pas l’obliger à parler et envisagea de l’inviter à aller faire un tour pour se changer les idées le temps que ça passe, mais Erïka prit les devants. Elle s’exprima avec difficulté mais lui demanda de venir avec elle. Pas contrariant, Will hocha la tête avec un sourire pour lui signifier que ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il s’avança et ferma doucement la porte. Il était inutile de réveiller Amy et il estima ne pas avoir besoin de chaussures, se baladant la majorité du temps pieds nus dans l’enceinte du manoir.

Will suivit Erïka comme son ombre, restant proche d’elle pour la rassurer de par sa présence. Une fois en bas dans le hall, elle se tourna vers lui comme si elle voulait lui parler mais n’en fit rien. Étrangement, elle fuyait son regard. Avait-il fait quelque chose ? Sans doute pas sinon elle ne l’aurait pas serré dans ses bras de la sorte. Quoiqu’elle ait vécu, elle était sous le choc. Le rouquin attendit patiemment que les mots viennent mais la russe poursuivit sa route et rejoignit la salle de séjour, suivie de près par le mutant.

Enfin, les mots sortirent. Elle confia avoir fait un cauchemar et avoir peur. Will comprenait qu’un simple mauvais rêve puisse la mettre dans un état pareil, faisant lui-même des cauchemars pour le moins désagréable. Elle semblait réellement touchée par ce qui avait pu s’y produire et le borgne supposa que ça avait peut-être un rapport avec son passé torturé. Peu importe néanmoins, ça ne changeait pas ce qu’il en pensait.

‘’C’est fini maint’nant, il t’arriv’ra rien, t’as bien fait d’venir nous voir, tu…’’ fit-il, amorçant un mouvement pour poser sa main sur son épaule mais étant interrompu par le geste qu’elle fit

Il tendit l’oreille. Il avait entendu quelque chose mais n’était pas certain de savoir ce que c’était. Ou plutôt, il savait mais espérait malgré tout que ce ne soit pas ça. Des coups de feu ? Ici ? Ça avait l’air de venir de dehors. Will reporta son attention sur Erïka qui avait les mains sur ses oreilles. Sans doute les entendait-elle bien plus distinctement à cause de son autre mutation et que ça n’arrangeait rien à son état, prolongeant le malaise.

Fronçant les sourcils, Will se demanda si il n’avait pas rêvé une fois encore. Mais vu la réaction de l’adolescente, il était certain que c’était la réalité. Erïka se dirigea vers une des fenêtres du hall, regardant à l’extérieur. Le mutant s’approcha, regardant par-dessus l’épaule de la russe. Une sorte de système de défense était en route, cernant quelqu’un.

*Tiens on a ça ici ? Hé ben heureus’ment qu’on s’amuse pas avec des pétards au milieu d’la nuit.

Sur qui l’individu avait-il tiré ? Qui était-ce ? Pour venir s’introduire ici, cet homme ne manquait pas de toupet. En tout cas, c’était dangereux et s’il n’y avait eu que 3 coups de feu tirés, Will espérait qu’il n’y en ait pas d’autres. Du peu qu’il voyait, le système de défense faisait plutôt bien son travail.

Contre toute attente, Erïka sortit du manoir et se dirigea dehors. Où était donc passée la jeune femme qui était terrorisée il y avait deux minutes encore ? La curiosité et la peur donnaient parfois un drôle de mélange. Peu importe, Will ne comptait pas la laisser aller dehors toute seule. Il s’avança et sentit une brise glaciale pénétrer à l’intérieur du bâtiment, le faisant frissonner. Il rejoignit Erïka et se posta à côté d’elle, un peu en avant, tendant l’oreille. Tout était soudainement plus calme mais rien n’indiquait ce qu’il se passait. Il fallait donc aller voir. La russe s’exprima enfin, plus clairement qu’auparavant, expliquant ce qu’elle avait entendu. Deux personnes dont une qu’elle connaissait ? Elle n’avait pas l’air de craindre cette dite personne mais mieux valait rester prudent. Elle attrapa son arme à feu et attendait comme une sorte de signal pour faire quoique ce soit d’autre.

Will pesa le pour et le contre, envisageant mentalement les diverses possibilités. Erïka était armée et au pire, il utiliserait son clone. Il était hors de question qu’il aille voir en laissant la mutante toute seule, c’était trop risqué. De plus, il doutait qu’elle reste bien sagement derrière, seule.

‘’Allons voir, on sait jamais. Au pire, on a d’quoi s’défendre et y a un super système d’sécurité que j’savais même pas qu’il existait, comme quoi on en apprend tous les jours. Viens Rika, on va leur montrer l’sens de l’hospitalité d’l’Institut Xavier !’ lança t-il en souriant, d’un air enthousiaste qui était un peu déplacé

Il n’y avait rien de joyeux à risquer sa peau pour vérifier qui était le possible psychopathe dangereux qui venait de s’introduire ici mais c’était sa façon à lui de se donner du courage et d’en faire part à Erïka.

Il s’avança, suivi par la russe, tout en regardant dans la direction du système de sécurité qui semblait s’être figé sur l’intrus. En s’approchant, Will entendit la personne parler. Mais parler à qui ? Au système de défense ? Curieux. Il pouvait presque le distinguer de là où il était. Le rouquin se stoppa, prenant le temps de l’étudier à une distance raisonnable. L’intrus sembla les voir et s’exprima de nouveau. Chose étonnante –encore plus que le reste- il appela Will par son nom. Maintenant qu’il l’entendait distinctement, il reconnut sans problème l’homme.

‘’Evan ? Ca alors, j’m’attendais pas à t’voir ici ! Ca fait plaisir d’te voir en tout cas ! Dis donc, t’as fait une entrée remarquée !’’ fit-il en riant, détendu de voir de qui il s’agissait

Will appréciait Evan et était satisfait de voir qu’il s’était décidé à venir finalement chercher de l’aide à l’Institut. En tout cas il supposait que c’était ça la raison de sa présence. Sur le coup, Will venait d’oublier les angoisses précédentes et se dirigea vers Evan pour poser sa main sur son épaule après avoir vérifié qu’Erïka était rassurée.

‘’Pourquoi t’as pas sonné ? T’aimes t’compliquer la vie, avoue ? Bienv’nue à ton nouveau chez toi quoiqu’il en soit ! Dommage que t’arrives si tard, on aurait fait une petite fête sinon !’’ ajouta t-il en souriant
.

Il était tard lorsque les systèmes de défense de l'institut s'activèrent, mais malgré l'heure tardive Hank était encore debout. Concentré sur ses recherches dans les laboratoires se trouvant dans les sous-sols, il réfléchissait encore à sa formule quand il prit conscience de l'alerte.

* Il est rare que nos ennemis daignent s'annoncer avant de venir, mais tout de même. *

Quittant sa blouse d'un geste leste, il s’élança dans les couloirs, profitant de son agilité et de son adhésion au mur pour se déplacer à grande vitesse. Son premier arrêt fut une salle permettant de vérifier les caméras et les défenses de l'école. Alors qu'il se dirigeait vers les écrans liés aux caméras en action, d'autres membres des X-men arrivèrent, déjà en tenue de combat. Tel était l'avantage de posséder de la fourrure.

Parmi eux, Cyclope et Tornade furent les deux premiers sur place, suivit de près par Forge. Ils purent tous constater que leur intrus n'était autre qu'un jeune homme apeuré qui avait levé les mains en signe de reddition. Pourquoi diable ne s'était-il pas servi de l'interphone ?

- Il semblerait que nous ayons un invité. Je vais m'occuper de lui, il sera bien temps de le présenter à Charles demain. En attendant, je lui trouverai une chambre.

Les autres étaient dubitatifs, surtout Cyclope qui aurait aimé savoir de qui il s'agissait avant de l'accepter dans l’enceinte de l'école, mais l'institut était un refuge avant tout. Ils laissèrent donc le soin à Hank de s'occuper du jeune homme, en lui faisant promettre de prévenir si quelque chose de particulier arrivait, maintenant qu'il était réveillé, il serait à même d'agir très rapidement.

Il ne perdit pas plus de temps et sortit pour aller à la rencontre du nouveau venu. La nuit était fraiche, et malgré sa fourrure, il regretta de ne pas avoir pris un manteau. Il était bientôt arrivé à l'emplacement où le jeune homme avait été interpelé par le système de défense, mais visiblement, ce dernier n'était plus seul.

Il reconnut bien vite Erïka, l'une des élèves qui posait le plus de problème et qu'il n'arrivait toujours pas à convaincre la grande utilité et de la beauté de la science. Quand à celui qui l'accompagnait, torse et pieds nus, il s'agissait de l'un des pensionnaire arrivé cette année même. William Cage, s'il ne se trompait, lui et Erïka avait déjà fait parlé d'eux en profitant d'un rétablissement du système par Forge pour aller faire les quatre cents coups dans la salle des dangers.

Visiblement, les trois personnes semblaient en discussion, et William accueillit le jeune intrus à la place du Fauve.

- Rhum rhum, jeunes gens. J'ose espérer que vous n'avez pas choqué la pudeur de notre nouvel invité. déclara-t-il en plaisantant.
Je suis le professeur Henry McCoy, bienvenue à institut Xavier. Afin de bien débuter votre année scolaire, je vous prie de prendre en compte le règlement intérieur, en particulier l'interdiction d'entrer par effraction, ainsi que la tenue vestimentaire réglementée - avec dérogation si vous possédez de la fourrure -.
Si vous voulez bien me suivre.

Qui se serait douté qu'avec un aspect pareil, Hank cachait un véritable bout en train ?
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Quand je vis le visage de Will empli de joie en me voyant, je fus content de constater qu'il se rappelait belle et bien de moi. Après tout, cela faisait un long moment que nous ne nous étions pas vu, notre rencontre datant assez. Et puis, depuis tout ce temps, je ne devais pas être le seul que Will ait croisé, alors ça ne m'aurait étonné qu'à moitié qu'il ne se souvienne pas totalement de moi. Mais à mon grand bonheur, il s'est rappelé de moi. Il fallait le dire, depuis que nous nous étions rencontrés, j'avais enfin un peu plus d'espoir dans la vie. Il m'avait ouvert les yeux sur plusieurs choses que je ne réalisais pas. Premièrement, que je peux avoir des amis malgré mon pouvoir, chose que je commençais presque à penser impossible depuis la mort de la télépathe. Ensuite, il m'a montré qu'on pouvait vraiment m'aider, malgré le fait que je commençais à croire que l'aide ne viendrait jamais. Sa présence et ses paroles seules m'ont aidé à surmonter mes problèmes, tout du moins pour un moment. En tout cas, il m'avait sauvé la vie à plus d'un titre le jour de notre rencontre. Je me rappelle encore de la sensation que j'avais à ce moment là. Le désir de mourir et de mettre fin à toute ma souffrance, de mettre enfin un terme aux massacres que perpétraient le Dark Men. Je n'avais vraiment plus aucune raison valable de vivre. Je n'aurais probablement manqué à personne vu que ceux qui comptaient vraiment pour moi à ce moment là étaient tous morts. Mais pourtant, Will avait quand même trouvé le désir de me sauver de ce sort que je me réservais. Et je dois dire que s'il n'avait pas fait cela, j'aurais probablement raté certains des plus beaux moments de ma vie. Et puis, il avait trouvé la force de me redonner confiance en moi. Au fond, Will était un vrai ami.

-Evan ? Ca alors, j’m’attendais pas à t’voir ici ! Ca fait plaisir d’te voir en tout cas ! Dis donc, t’as fait une entrée remarquée !

-Oui, moi aussi... Et pour l'entrée, tu m'avais dis que je n'avais qu'à venir à la porte et cogner, alors c'est ce que j'ai voulu faire, mais... On dirait que je me suis encore planté.

Je ne pu m'empêcher d'afficher une tête déçue de moi-même. Après tout j'avais encore fait l'imbécile en entrant comme ça ici. Mais bon, ça arrive à tout le monde de faire des erreurs. Je vis alors Will se retourner pour regarder une personne qui l'accompagnait et je reconnu Erika, la fille qui m'avait cassé le nez. Je fus d'abord quelque peu troublé de la voir. Après tout, le début de notre dernière rencontre avait été quelque peu... douloureux. Et le fait de la voir là me rappela cette douleur, ce qui ne fit qu'accroitre ma peur qu'elle me frappe encore une autre fois. Mais je pris mon courage à deux mains et essayai de rester le plus calme possible. Et puis, il n'y avait pas que du négatif dans ma rencontre avec elle, bien que ce soit malheureusement ce que je retiens le plus dans tout ça. Après tout, c'est elle la première à m'avoir parlé de l'institut Xavier, et sans elle, je ne serais probablement pas en train de me tenir sur le terrain de cette propriété. Juste pour cela, je lui devais vraiment beaucoup.

-Pourquoi t’as pas sonné ? T’aimes t’compliquer la vie, avoue ? Bienv’nue à ton nouveau chez toi quoiqu’il en soit ! Dommage que t’arrives si tard, on aurait fait une petite fête sinon !

- Si seulement j'avais su, ça aurait pu être sympa.

Puis une pensée me vint à l'esprit en voyant Will et Erika l'un à côté de l'autre. Je m'approchai de Will pour lui chuchoter dans l'oreille.

-Quand tu disais qu'il y avait quelqu'un qui comptait beaucoup pour toi, tu aurais pu me dire tout de suite que c'était elle...

- Rhum rhum, jeunes gens. J'ose espérer que vous n'avez pas choqué la pudeur de notre nouvel invité.

Je réalisai alors la présence d'une bête bleue se tenant devant moi. Il avait l'air féroce, et il me faisait réellement peur. Je tombai à la renverse et rampai en direction opposée de cette chose. Mais qu'est-ce que c'était que ça? C'était un monstre! Un monstre! Qu'est-ce que ça faisait là? Je le pointai du doigt, tentant tant bien que mal de parler malgré le fait que je grelottais de peur.

-Un...un..mon...monst....monstre!

-Je suis le professeur Henry McCoy, bienvenue à institut Xavier. Afin de bien débuter votre année scolaire, je vous prie de prendre en compte le règlement intérieur, en particulier l'interdiction d'entrer par effraction, ainsi que la tenue vestimentaire réglementée - avec dérogation si vous possédez de la fourrure- . Si vous voulez bien me suivre.

Alors c'était un mutant lui aussi? Pourtant il... il n'avait pas l'air humain. Mais en même temps, pourquoi ai-je eu si peur que ça? J'ai déjà vu le Larveux, et ce McCoy n'était rien d'autre qu'une peluche comparé à l'horreur qu'était le Larveux. Je me relevai donc, tout en me sentant extrêmement stupide. Après tout, j'avais réagi comme un imbécile et je l'avais probablement vexé en lui parlant ainsi.

-Bon... Alors c'est chez moi ici, maintenant? Est-ce que vous...me faîtes visiter?
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Finalement, Will n’avait pas eu le temps de parler avec Erïka de ce qui l'avait amenée à venir frapper à sa porte. Bien qu’il avait compris de quoi il s’agissait, elle n’avait rien pu préciser et le rouquin ne put qu’imaginer ce qui l’avait ainsi tourmenté dans ses rêves. Ce qu’elle avait subi par le passé était resté gravé en elle et même encore maintenant, elle en faisait sûrement des cauchemars. C’était en tout cas ce qu’il avait déduit même s’il ne préférait pas trop s’avancer. Si elle était venue le chercher au beau milieu de la nuit, ce n’était clairement pas pour rien. Si ses mots avaient du mal à franchir ses lèvres, son visage, lui, exprimait très bien ce qu’elle ressentait. Et même si William ne pouvait pas faire grand-chose sans connaitre davantage de détails, il pouvait toujours la rassurer par sa présence. Ce n’était pas grand-chose mais il savait bien que dans le fond, ça suffisait parfois. De toute façon, même si la russe l’avait dérangé sans raison, il aurait probablement réagi de la même façon. Erïka était une personne qu’il appréciait vraiment et il n’était jamais contre passer du temps avec elle, même au beau milieu de la nuit.

L’heure n’était plus vraiment aux interrogations concernant les mauvais rêves de l’adolescente. Les mouvements à l’extérieur l’avaient inquiétée davantage et elle était désormais focalisée dessus comme si elle craignait que ce ne soit elle la cible des tirs. Will n’était pas spécialement rassuré non plus mais se sentait plutôt en sécurité au sein de l’établissement. Seulement, Erïka voulu sortir et il l’accompagna. S’il ne prêta pas attention aux graviers que rencontraient ses pieds nus, il remarqua rapidement qu’il faisait très froid. Il avait certes l’habitude des basses températures lorsqu’il vivait dans la rue, mais il n’avait jamais été si peu vêtu dans ces moments là. A vrai dire, il ne pensait pas trop à ça pour l’instant, désirant avant tout vérifier ce qu’il se passait dehors, surtout dans l’optique de rassurer la jeune femme. Il supposait que les X-men et le système de sécurité se débrouilleraient bien tous seuls pour le reste. Sa curiosité le poussait néanmoins à se renseigner sur ce qu’il se passait. En plus, il n’avait pas envie que qui que ce soit risque quelque chose.

Heureusement, il se rendit rapidement compte de l’identité de l’intrus. Difficile d’oublier la tête de quelqu’un qui avait cherché à se la faire sauter. C’était d’ailleurs comme ça qu’ils s’étaient rencontrés. Will était ravi de voir qu’Evan n’avait pas baissé les bras depuis tout ce temps. Il avait espéré le revoir à plusieurs reprises mais celui-ci n’était jamais venu et il ne possédait aucun moyen de le contacter. Cependant, il avait choisi une façon peu orthodoxe de rentrer ainsi qu’une heure plus que matinale. Pourquoi ne pas attendre une heure où il aurait été certain de trouver quelqu’un pour l’accueillir ?

‘’T’es en danger ? Ou pressé d’venir ici ? Tout va bien au moins ? Enfin j’imagine qu’si tu viens ici c’pas pour rien. Tu verras, ça s’arrang’ra vite, cet endroit est magique.’’ fit-il avec un sourire

Evan semblait déçu de ne pas avoir droit à la petite fête qu’avait imaginé Will pour le cas où celui-ci déciderait de les rejoindre. Il fallait dire que l’heure ne se prêtait pas vraiment à la fête. C’était une école après tout même si c’était un refuge et ce serait sûrement vu d’un mauvais œil par les membres de l’encadrement. Ce n’était pas une raison pour ne pas faire de fête du tout, il suffisait de décaler l’heure ou la date. Et puis ainsi, Will aurait l’opportunité de prévenir les autres élèves pour qu’ils se mêlent à l’événement et qu’Evan puisse les connaitre un peu. En plus, ce serait bien plus sympa avec un bon groupe de personnes. Le rouquin se demanda si Erïka voudrait néanmoins participer, pas certain qu’elle apprécie spécialement le jeune homme.

‘’T’inquiètes pas, va, on en f’ra une quand même mais ça attendra d’main. Et ce sera mieux, y aura plus de monde comme ça, tu pourras tous les rencontrer !’’ affirma t-il d’un air convaincu.

Evan s’approcha un peu plus du borgne, lui chuchotant quelque chose à l’oreille qu’il n’aurait jamais cru entendre un jour, provoquant chez le mutant roux une soudaine hilarité. Pas une seconde depuis qu’il la connaissait, il n’avait envisagé être possiblement en couple avec Erïka. Déjà parce qu’il y avait Amy, l’amour de sa vie –celle à qui Evan faisait référence-, et ensuite parce que ça ne lui était même jamais venu à l’esprit. Will s’entendait très bien avec elle et l’aimait beaucoup mais ça s’arrêtait là et il n’avait jamais imaginé que cela puisse changer un jour. La méprise était compréhensible mais le rouquin ne put s’empêcher de rire à cette remarque, la trouvant tellement peu probable.

‘’Haha, non, j’parlais pas de Rika, sinon j’te l’aurai dit puisque vous vous connaissez. La personne en question c’est Amy mais elle dort là. N’empêche, t’as quand même raison sur un point, Rika est quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Un peu comme une sœur, tu vois ?’’ répondit-il sans toutefois chuchoter, n’ayant rien à cacher

Erïka ne fut pas en reste et se manifesta, précisant d’un ton peu enjoué qu’elle entendait tout, y compris les chuchotements. Sur le coup, Will avait oublié ce détail mais Evan lui ne pouvait pas le deviner. Connaissait-il d’ailleurs la première mutation de la jeune femme ou s’étaient-ils contentés de se battre lorsqu’ils s’étaient rencontrés ?

‘’Ah oui, n’compte pas lui cacher quoi qu’ce soit, elle sait tout !’’ ajouta t-il avec un sourire amusé

Si Erïka avait prêté attention au système de défense, Will, lui, s’était entièrement focalisé sur Evan, oubliant quelque peu ce qui l’entourait. Il n’anticipa donc pas du tout l’arrivée du professeur McCoy et fut surpris en le voyant soudainement apparaitre. C’était son apparition soudaine et non son apparence qui le surprenait car, comme tous les X-men, Will l’avait déjà vu plus d’une fois. Même s’il n’avait pas eu l’occasion de s’entretenir avec lui, le Fauve n’avait jamais provoqué chez Will un sentiment de peur. Après tout, il avait déjà vu Scum et passé une nuit complète chez les Morlocks, il n’était plus à ça près. De plus, le rouquin trouvait que le professeur ressemblait plus à une peluche qu’autre chose. Il ne niait pas le fait qu’il aurait pu lui tordre le cou en une fraction de secondes s’il l’avait voulu, mais il ne voyait pas en lui quelqu’un de menaçant, vraiment pas. Les paroles qu’il prononça le confortèrent dans ses impressions. C’est qu’il faisait preuve d’un certain humour !

La réaction d’Evan ne fut pas vraiment étonnante et Will ne lui en voulut pas, ayant presque réagi de la même façon face au mutant écailleux. Mais ce n’était jamais agréable d’être nommé de la sorte. On n’en prenait jamais l’habitude. Etre différent était décidément un lourd fardeau.

‘’Ah ben désolé d’pas dormir en tenue d’cosmonaute hein !’’ répliqua t-il d’un ton amusé à la remarque du professeur concernant sa tenue

Rien de tel qu’un peu d’humour pour rendre une situation plus légère et détendue. C’était en tout cas l’effet recherché par William. Il s’y était déjà essayé avec Erïka peu avant mais ça n’avait pas eu l’air de fonctionner. Cette fois serait peut-être mieux.

Will se pencha vers Evan pour l’aider à se relever.

‘’Tout va bien Evan. Ici t’es en territoire amical, personne te f’ra de mal.’’ Certifia t-il en souriant

Le professeur continua son speech, les invitant à se rendre à l’intérieur. Frigorifié, Will n’était pas mécontent de retourner à une chaleur plus acceptable. Le Fauve prit la tête du groupe et s’avança pour rejoindre l’intérieur, suivi de près par les trois jeunes mutants. Evan demanda si on comptait lui faire visiter les lieux, désormais chez lui. Will ignora s’il demandait ça juste au professeur, à lui, ou à tout le groupe. Une fois à l’intérieur, le rouquin lança un regard dubitatif à la russe, comme pour lui demander silencieusement son avis. Il ne voulait pas la laisser seule. Elle était venue lui demander de l’aide, de rester avec elle et il comptait bien le faire malgré l’arrivée d’Evan et même si elle semblait aller un peu mieux. Will possédait un pouvoir très pratique pour ce genre de situation. Il n’avait pas besoin de choisir, il pouvait être à deux endroits à la fois. Cependant, il avait besoin de l’avis d’Erïka pour savoir s’il devait l’utiliser ou pas.

‘’Moi j’veux bien servir de guide ! Bon par contre faudra être discret, tout l’monde dort. Mais t’as pas sommeil ?’’

Se frottant les bras pour accélérer son réchauffement, Will constata que la russe lui tendait sa veste accompagnée d’une remarque sarcastique.

‘’Oh bah j’essayais de m’adapter à mon environn’ment ! J’suis solidaire !’’ répliqua t-il en riant, souriant au professeur McCoy pour qu’il ne prenne pas mal sa réponse

Will se doutait bien que le Fauve devait être habitué à ce genre de réflexion sur la couleur de ses poils mais ce n’était pas une raison pour enfoncer le clou. Le rouquin désirait simplement une bonne ambiance et une bonne entente entre tous. Il n’avait plus vraiment besoin de la veste maintenant qu’il était à l’intérieur mais il n’avait pas envie de refuser l’attention de la jeune femme. Il prit donc la veste tendue et l’enfila aussitôt.

‘’Merci Rika. J’suis un peu grand pour être un schtroumpf de toute façon, non ?’’ ajouta t-il, amusé, avant de continuer ‘’Une bonne boisson chaude pour nous réchauffer, une bonne nuit d’sommeil et on sera tous au top pour demain ! Hé, ce serait con d’pas être en forme pour la fête d’Evan ! On peut au moins ?’’ demanda t-il à l’attention du professeur
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Lorsque le jeune homme s'écarta de Hank en le désignant comme étant un monstre, ce dernier resta de marbre. Il subissait le regard des autres au quotidien, mais malgré les années passées, il ne pouvait s'habituer à ces réactions. C'était pour cela qu'il se battait parmi les X-men.

Il poursuivit donc comme si de rien, il ne fallait pas encore plus effrayer cette personne. La réaction de William fit plaisir au professeur, qui savait apprécier les traits d'humour à leur juste valeur. La bonne humeur apparente et communicative de ce jeune roux était un bon point pour entrer dans les bonnes grâces de Hank. Lorsqu'il fut évoqué une visite, ou une fête, Hank fut cette fois quelque peu sceptique. Les élèves avaient bien entendu le droit de se déplacer dans l'école durant la nuit - sous certaines conditions tout de même - mais l'arrivée mouvementée du jeune garçon et le fait qu'il ne soit pas encore vraiment un résident de l'établissement n'étaient pas pour rassurer Hank. Et lui même n'était pas désireux de veiller durant toute la nuit.

- Pour ma part, je m’apprêtais à lui trouver un lit douillet pour passer la nuit, et laisser le professeur Xavier lui faire la présentation de l'établissement le lendemain comme il se doit.
Concernant une fête, je suppose qu'aucun élève ne s'opposera à l'idée d'un divertissement, et tant que vous ne cassez rien, je suppose que l'école pourra supporter votre manifestation de joie.

Une fois à l'intérieur de l'établissement, Hank reprit.

- Si vous tenez néanmoins à échanger quelques mots avec votre ami avant de tous retourner à votre lit, je pense que je peux vous déposer à la cafétéria et revenir pour mener notre invité à une chambre dans une petite demi-heure. Cela vous convient ?
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Je me sentais vraiment stupide de ma réaction quand à monsieur McCoy. Après tout, j'avais déjà vu pire, bien pire que ça. Et puis lui, ça forme «différente» ne blessait pas en se promenant un peu partout sous ta peau. Juste à repenser à la fois où le Larveux m'avait fait cela, je frissonnais de peur, espérant ne plus jamais avoir à revivre cela. Le Larveux était sadique, violent, égocentrique et froid. C'était probablement l'une des pires personnes que j'ai eu l'occasion de rencontrer. En comparaison, le professeur McCoy était plus humains que la majorité des personnes que j'ai rencontré de ma vie. J'avais vraiment honte de l'avoir traité de monstre en le voyant. Je me sentais assez gêné et honteux tout à coup. Et puis à prêt tout, on a tous quelque chose qu'on est forcé d'enduré de la part de nos pouvoirs, un genre de fardeau à porter avec nous en compensations de nos pouvoirs si «spéciaux. Dans son cas, c'est son apparences qui est, comment dire cela sans être offensant, quelque peu «conventionnel»? Quand à moi, mon fardeau n'était autre que le Dark Men, et je commençai à être royalement tanné de le porter. D'ailleurs, je ne peux même pas profiter ne serais-ce qu'un tout petit peu de ce pouvoir qui était le mien. D'ailleurs, est-ce que je peux vraiment faire autre chose que de faire apparaître le Dark Men? Non, je ne crois pas, je suis certain que je peux faire autre chose! C'est impossible que mon pouvoir soit uniquement d'invoquer un tueur sanguinaire et sans pitié! Ça ne se pouvait pas!

-Tu as raison, il n'y a pas que ça.

Je me retournai pour faire face au Dark Men qui me souriait à grande dents. Mais de quoi voulait-il parler? Comment pouvait-il en savoir plus que moi sur mon propre pouvoir? En même temps, il semble être une manifestation de mon pouvoir. Mais pourtant, je n'avais jamais fait preuve d'une autre forme de pouvoir que de l'invoquer, alors de quoi parlait-il? Puis, totu à coup, la réponse me sauta au yeux. J'écarquillai les yeux en le regardant, espérant que ce n'était pas vrai.

-Non, tu ne veux tout de même pas dire...

-Tu le sais aussi bien que moi, la seule manière que ton pouvoir se développe, c'est de m'écouter. Tu te rappelle pourtant que ça à fonctionner la dernière fois, non?

Je reculai quelque peu en le regardant, effrayé au seul souvenir de ce jour maudit que je hais tant. Mais au fond de moi, je réalisai qu'il avait en grande partie raison pour tout cela. La seule et unique fois où j'ai réussit à faire autre chose que d'invoquer le Dark Men, c'est lorsque j'ai suivi ses conseils on ne peut moins précieux. J'ai alors réussis ce jour là à matérialiser les deux armes du Dark Men, ses deux couteaux noirs et tranchants. Mais à quel prix? Si pour améliorer la maîtrise de mon pouvoir, je devais à chaque fois tuer des gens, je ne veux aucunement l'améliorer! Je ne désire aucunement causer la mort de tous ceux qui m'entourent! Non! Je commençai peu à peu à me calmer, réalisant que c'était juste une ruse du Dark Men pour m'énerver. En tout cas, ça avait vraiment marché. Mais il fallait que je me calme. Après tout, je ne pouvais pas avoir une crise le jour de mon entré à l'institut.

‘’Moi j’veux bien servir de guide ! Bon par contre faudra être discret, tout l’monde dort. Mais t’as pas sommeil ?’’

Le fait qu'il me parle de sommeil me fit pensée aux nombreux cauchemars que j'avais eu ces derniers temps. Ces affreux cauchemars qui m'avaient tellement tourmenté, qui m'avait tellement fait souffrir. C'était comme remuer le couteau dans la plaie que de devoir rêver de ces moments, me rappelant que j'ai trop souffert. Mais heureusement, j'ai croisé Hyppy. Grâce à elle, j'ai enfin pu recommencer à dormir normalement et à faire des rêves normaux. Je me tournai vers Will en lui souriant.

-Si tu veux vraiment savoir, je suis en pleine forme. Et tout ça, je le dois à Hyppy. C'est une amie de la Confrérie. Sérieusement, faut que tu l'entende à la guitare, c'est dément.

Juste le fait de parler d'elle me faisait réaliser qu'au fond, elle me manquait vraiment. Ou plutôt, sa compagnie me manquait. J'aimais vraiment entendre le son de sa guitare à côté de moi, ça m'aidait beaucoup et j'adorais ça. C'est d'ailleurs pour cette raison que je lui ai demandé de m'apprendre à jouer de la guitare, sachant pertinemment que j'allais finir par rejoindre l'institut. J'aurais quand même bien aimé qu'elle me suive là-bas. Ça aurait vraiment été sympa. Mais au fond, je savais que c'était pertinemment impossible de la convaincre de quitter la Confrérie.

- Pour ma part, je m’apprêtais à lui trouver un lit douillet pour passer la nuit, et laisser le professeur Xavier lui faire la présentation de l'établissement le lendemain comme il se doit. Si vous tenez néanmoins à échanger quelques mots avec votre ami avant de tous retourner à votre lit, je pense que je peux vous déposer à la cafétéria et revenir pour mener notre invité à une chambre dans une petite demi-heure. Cela vous convient ?

-D'accord, je vous suis. Et monsieur McCoy...Hum...désolé de vous avoir traité de monstre, c'est juste que.... disons juste que j'ai rarement vu des mutants aux apparences non-humaines, et...ben, le dernier qui n'avait pas l'air normal à tenté de me tuer de l'intérieur à coup de vers de terre. Alors s'il vous plait, pardonnez-moi pour la réaction de tout à l'heure.

[Je vous laisse décrire le trajet dans l'institut, je m'y connais pas vraiment perso]

Dormir, visiter ou faire la fête ? Plusieurs options s'offraient aux jeunes gens, leur laissant l'embarras du choix quant à l'activité qu'ils souhaiteraient faire. William était partant pour tout, maintenant bien réveillé de toute façon. Même si le réveil avait été difficile, la détresse d'Erïka l'avait rapidement ramené à la réalité et son inquiétude pour elle lui permettait de ne plus éprouver de fatigue. Il avait de toute façon prévu de ne plus dormir de la nuit afin de tenir compagnie à la russe pour lui permettre de se détendre et d'oublier les affreux cauchemars qui avaient pu hanter ses rêves. L'arrivée d'Evan avait terminé de le réveiller totalement, provoquant chez le rouquin un certain stress à cause des coups de feu, suivis d'un sentiment de surprise puis de joie. L'Institut était devenu pour Will une vraie maison, un endroit où les mutants étaient à l'abri des humains et où l'on se sentait en sécurité. Il ne connaissait pas tellement la Confrérie et son organisation et ne pouvait donc pas inciter Evan à la quitter pour les rejoindre. Il était fort possible qu'il s'y trouve autant en sécurité là-bas. C'était une organisation pro-mutante non ? Cela ne pouvait être que bien pour ceux qui l'étaient. En tout cas, c'était ce qu'avait supposé le rouquin car Evan avait refusé de venir avec lui à l'Institut lorsqu'ils s'étaient rencontrés.

Néanmoins maintenant il était là, pénétrant par effraction au beau milieu de la nuit comme s'il était trop pressé pour attendre, ayant l'air de fuir quelque chose. Peut-être qu'il s'était passé quelque chose à la Confrérie et qu'il ne s'y sentait plus chez lui désormais. Peu importe la raison à vrai dire, Will s'en moquait. Evan était là, c'était le principal. Il allait enfin pouvoir apprendre à maîtriser ce pouvoir qui le hantait depuis trop longtemps. N'était-ce pas pour ça qu'il était là d'ailleurs ? Evan n'avait pas l'air à son aise. Sans doute à cause de son arrivée un peu particulière, s'étant attiré les foudres du système de défense. Will préféra le rassurer et le mettre à son aise tout de suite. Étant instable psychologiquement, Evan devait être ménagé. Rien de mieux qu'une bonne nuit de sommeil pour se remettre les idées en place. A moins qu'une visite de l'endroit se révèle plus utile au cas où il aurait besoin de se dégourdir les jambes dans le courant de la nuit.

Evan fixa un point, l'air quelque peu nerveux puis il se mit à parler tout seul. Encore le Dark men sûrement. Décidément, il ne lui fichait jamais la paix, même en pleine nuit. Il devait le tourmenter, comme d'habitude, le bassinant de mille mensonges afin de lui faire perdre le contrôlé de lui même. Mieux valait lui changer les idées, au moins pour le moment. Will proposa donc de bouger de là où ils se trouvaient, le vent frais le faisant frissonner. Evan évoqua une amie à lui, une certaine Hyppy, que le rouquin ne connaissait pas.

"Si t'es si en forme, ça explique ton arrivée monumentale ! Malheureusement, on va être plutôt limité vu l'heure. Ce s'rait mal vu d'déranger le sommeil des autres. Hyppy ? C'est curieux comme nom. Mais si c'est une amie à toi et qu'en plus elle sait jouer d'la guitare, j'suis pressé d'la rencontrer !" répondit-il toujours du même ton enjoué.

Si elle était amie avec Evan, elle ne pouvait être une mauvaise personne, non ? Pourtant, Erïka intervint aussitôt, précisant que la jeune femme dont ils parlaient n'était qu'une chieuse. Tiens, Erïka la connaissait ? Étrangement, les propos de la russe n'étonnèrent pas le borgne. On parlait d'Erïka là tout de même. Et même si, dans son cas, il appréciait beaucoup la jeune femme, il savait pertinemment qu'elle n'était pas douée en ce qui concernait les relations sociales. A vrai dire, elle les fuyait plus qu'autre chose, provoquant ouvertement les autres afin de ne créer aucun lien de proximité. A force de la côtoyer, il savait comment elle fonctionnait. Et il savait aussi qu'elle n'était pas comme elle s'évertuait à le montrer aux autres. Will avait découvert en elle une fille adorable et agréable qui valait le coup d'être connue. Pourtant, il se gardait bien d'en parler aux autres, ne voulant pas faire voler en éclat la façade que la russe portait presque en permanence. Si la fameuse Hyppy possédait un fort caractère, il était donc logique que les deux filles ne s'entendent pas du tout. Rien d'anormal jusque là.

"J'te crois sur paroles Evan. On a aussi nos musiciens ici. Rika excelle dans les percussions par exemple !" répondit-il en riant, fier de son jeu de mot

Sa blague ne visait pas à vexer Erïka mais plutôt à détendre l'atmosphère devenue un peu trop tendue à son goût. Quoi de mieux qu'un peu d'humour pour se changer les idées et passer à autre chose ? Ils étaient maintenant tous à l'intérieur et Will venait d'enfiler la veste d'Erïka, la remerciant d'un sourire. C'est qu'elle prenait soin de lui malgré le fait qu'elle cache souvent son inquiétude. Ce geste le touchait même s'il se contenta de répondre avec humour encore une fois. Dérider la jeune femme n'était pas une mince affaire. Elle ne répondit rien, ne réagissant même pas par un haussement de sourcils ou un début de sourire. Non, Erïka était actuellement fermée sur elle-même. Will amorça un geste vers elle mais s'abstint. Elle ne voudrait sûrement pas qu'il fasse preuve d'affection envers elle devant les deux autres. C'est qu'elle aimait préserver son apparente froideur aux yeux de tous après tout.

Le Fauve proposa d'accompagner Evan à sa chambre et de laisser la visite pour le lendemain. Oui, ce n'était pas plus mal et cela permettrait à Will de se concentrer sur Erïka pour le reste de la nuit. Boire un thé était une bonne idée qui sembla plaire à la russe puisque celle-ci prit les devants et passa en tête du groupe, prenant la direction de la cafétéria. Était-elle pressée d'en finir ou avait-elle soudainement une grande envie de thé ? En silence, le reste du groupe arpenta les couloirs jusqu'à se rendre à l'endroit indiqué, Will suivant Erïka pour qu'elle ne le sente pas trop loin d'elle au cas où. Une fois sur place, le rouquin constata qu'elle s'était assise à une table, les attendant. Il s'avança et s'assit à son tour, à côté d'elle et attendit qu'Evan fasse de même. Le professeur s'absenta, les laissant seuls pour un petit moment.

"Tu verra l'professeur Xavier est très sympa, tu vas l'adorer. Il t'expliqu'ra tout demain et on t'fera visiter. Et après, on fêt'ra ton arrivée dignement ! J'espère qu'ta nouvelle maison te plaira. Mais tu sais, ici ou ailleurs, t'es pas tout seul. Même si t'as laissé des amis derrière toi, s'ils t'aiment, ils t'soutiendront quelques soient tes choix." lança t-il à Evan avec un léger sourire

La bouilloire siffla et Will fit aussitôt apparaitre son clone pour que celui-ci s'occupe du service sans que personne n'ait à bouger. Le clone attrapa 3 tasses, les sachets de thé et la bouilloire, les ramenant à la table afin que tout le monde puisse se servir selon son envie. Le rouquin n'aimait pas tellement le thé, aussi, il laissa les autres se servir en premier, faisant disparaitre son clone comme il était venu.

"Maint'nant qu'vous vous revoyez, tu peux lui faire tes excuses en direct Evan, même si j'les lui avait déjà communiqué !" fit-il soudain à l'adresse du jeune homme, évoquant ses précédents problèmes avec Erïka

Elle était déjà au courant et elle avait affiché une totale indifférence lorsque le mutant lui en avait parlé. Mais peut-être que si les excuses provenaient de celui qui l'avait offensé, cela aurait plus d'impact.
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"Si t'es si en forme, ça explique ton arrivée monumentale ! Malheureusement, on va être plutôt limité vu l'heure. Ce s'rait mal vu d'déranger le sommeil des autres. Hyppy ? C'est curieux comme nom. Mais si c'est une amie à toi et qu'en plus elle sait jouer d'la guitare, j'suis pressé d'la rencontrer !"

Je lui rendis un sourire amical. La sympathie de Will et son côté positif me faisait du bien. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que je l’appréciais autant. Il avait vraiment le don de remonter le moral aux gens. Enfin, je n’ai jamais vraiment su s’il le faisait avec tout le monde, mais avec moi ça marchait assez bien. Il était toujours sympathique, toujours souriant, capable de me remonter le moral facilement. J’appréciais réellement sa présence, et j’étais vraiment content de faire partie de ses amis. Sans lui, je ne serais probablement pas ici à rire avec eux, à sourire et à parler tranquillement. Non, si Will ne m’avait pas arrêté dans le parc ce jour là, je serais probablement mort et j’aurais un trou en plein dans la tête, ce qui au fond ne m’intéresse pas du tout. Je lui dois quand même beaucoup. Et puis, c’est ce qu’on peut appeler un vrai ami. Il ne me juge aucunement malgré mes «problèmes» ainsi que le Dark Men. La majorité des personnes que j’ai rencontrées me prenait pour un fou à cause de cela. La dernière personne qui me respectait comme ça était la télépathe, et cela remonte à très longtemps. Bon, il y a Hyppy, mais je vois très bien que le Dark Men la stresse. Et Raven? Je ne suis plus certain que je puisse lui faire confiance. Qu’est-ce qui me dit qu’elle ne voulait pas tout simplement me convaincre de joindre la Confrérie pour pouvoir utiliser mes pouvoirs? Il y a certaine personnes à qui je ne sais pas si je peux faire confiance ou non. Mais je sais que je peux faire confiance à Hyppy et Will, tout comme je faisais confiance à la télépathe. Et cette fois, je ne laisserai pas le Dark Men tout gâcher.

-« Hyppy ? C’est la pouffiasse aux cheveux mauves ? Si elle est aussi douée à la guitare qu’elle est chiante, elle est sûrement une professionnelle, dans ce cas. »

À ce que je comprenais, Erika ne tenait pas Hypermusic dans son cœur. Ça m’étonnait, étrangement. Après tout, elles se ressemblaient sur plusieurs points. Les deux étaient têtues, par exemple. Bon, je ne suis pas certains d’apprécier tant ça, mais elles sont comme ça. Alors le fait qu’elles se haïssent m’étonna au plus haut point. Mais bon, peut-être y avait-il quelque chose qui m’échappe. Après tout, il se peut bien que le vieux dicton de «qui se ressemble s’assemble» ne soit pas toujours valable. La preuve, je suis avec le Dark Men, et nous sommes de totaux opposés. Mais bon, je ne suis pas très doué pour ce genre de choses, à ce qu’il parait. Je suis probablement un peu trop naïf. Le Dark Men me signale assez souvent ma naïveté et ma stupidité, il se pourrait bien qu’il ait raison là-dessus. Mais je ne suis pas certain que cela me dérange vraiment d’être naïf.

"J'te crois sur paroles Evan. On a aussi nos musiciens ici. Rika excelle dans les percussions par exemple !"

Je ne pus que rire face à la bonne blague de Will. C’était bien de pouvoir rire un peu. Puis, Erika nous amena dans la cuisine. En la suivant, j’observai l’intérieur de l’institut Xavier. C’tait vraiment mieux que les couloirs, parfois douteusement sales, de la base de la Confrérie. C’était vraiment splendide. Je ne crois pas avoir déjà vu un aussi bel endroit de l’intérieur. C’était époustouflant. Je faillis m’arrêter uniquement pour contempler. Will et Erika semblait de marbre face à l’endroit, comme si c’était un endroit comme les autres. Peut-être qu’on finissait par s’habituer à vivre dans un lieu comme celui-là. Quand j'entrai dans la cuisine, Erika préparait déjà du thé. Je n’avais jamais gouté de thé. Jeune, je ne savais pas qu’il y avait une différence entre thé et café. Et même aujourd’hui, je n’en suis pas certain. Mais bon, mes doutes seraient bientôt mis à l’épreuve. J’allai m’asseoir avec Will à la table.

"Tu verras l'professeur Xavier est très sympa, tu vas l'adorer. Il t'expliqu'ra tout demain et on t'fera visiter. Et après, on fêt'ra ton arrivée dignement ! J'espère qu'ta nouvelle maison te plaira. Mais tu sais, ici ou ailleurs, t'es pas tout seul. Même si t'as laissé des amis derrière toi, s'ils t'aiment, ils t'soutiendront quelques soient tes choix."

J’étais moi aussi content d’être ici avec eux. Le professeur Xavier… Erika l’avait mentionné et j’avais entendu son nom à quelques reprises dans la Confrérie. C’était, si je pouvais me permettre la comparaison, le Magneto de l’institut. Le chef quoi. C’était également un puissant télépathe, probablement l’un des seuls au monde capable de m’aider avec mon problème du Dark Men. Et puis, à la mention de ceux que j’ai laissé et qui me soutiendront, j’eus un petit sourire. Je pensais à Hyppy. Elle ne tenait aucunement en amitié l’institut, et le fait que je les ais rejoint ne devais pas du tout l’enchanter. J’espère qu’on pourra continuer à se voir même si nous ne sommes plus dans le même camp. Et qui sait, peut-être même jouer un peu de guitare ensemble un de ces jours.

-Merci Will. Moi aussi je suis content d’être là. Après tout, ça faisait un moment que je cherchais de l’aide, et on dirait que je vais enfin pouvoir en avoir ici. Enfin, il va arrêter de me tourmenter… Mais hum… comment dire… J’ai un petit problème dans le fait de venir étudier ici… C’est que … je sais ni lire ni écrire…

Puis le thé fut prêt et le clone de Will nous servit une tasse de thé à chacun. Je goûtai tout de suite au breuvage. Ce n’était pas terrible, au fond. Mais ça avait quand même un goût assez bizarre, et je préfère de loin de café.

"Maint'nant qu'vous vous revoyez, tu peux lui faire tes excuses en direct Evan, même si j'les lui avait déjà communiqué !"

Des excuses? C'est vrai que je lui en devais. Mais j’avais souvent l'air pathétique en faisant des excuses, ce qui ne faisait qu’aggraver la situation. Mais bon, je m’en voulais d’avoir failli lui tirer dessus, alors ça va me permettre de me vider.

-Erika… Je m’excuse de t’avoir tiré dessus. Enfin, je ne t’ai pas tiré dessus, mais… tu vois ce que je veux dire… Désolé quoi... Et merci de m'avoir parlé de l'institut ce jour là... Sans toi, je ne serais probablement pas ici.
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Hyppy. Encore une personne qui n'avait pas trouvé grâce aux yeux de la russe. Rien d'étonnant en soit, l'adolescente avait un caractère bien trempé et elle avait sûrement plus d'ennemis que d'amis. Cela ne changeait rien à la façon dont William voyait les choses. Hyppy était peut-être une fille très sympa mais qui possédait le même caractère qu'Erïka. Il s'imagina un instant ce que cela donnerait de mettre deux Erïka dans la même pièce. Sans doute une mise à mort de l'une des deux... Cette fierté et cette façon qu'elle avait d'éloigner les autres d'elle fonctionnaient plutôt bien. Rares étaient les gens qui prenaient la peine de passer à travers cette armure de glace qu'elle arborait pour essayer de voir ce qu'il y avait derrière. On agissait pas ainsi sans raison pourtant. Les gens aiment la facilité après tout. Il était plus simple de ne pas s'intéresser à elle que d'essayer de la connaitre. Will n'était pas mécontent d'avoir eu la patience de le faire, même s'il fallait reconnaitre que les débuts de leur rencontre n'avaient pas été de tout repos. Il en serait peut-être de même avec Hyppy, qui sait ? Quoique vu la façon dont Evan en parlait, elle devait être plus sympathique au premier abord qu'Erïka qui elle, lui avait carrément cassé le nez. Peu importe de toute façon, le rouquin ne jugeait pas les gens d'une manière générale.

Pour détendre l'atmosphère, il tenta une nouvelle blague qui ne fit rire qu'Evan. Un sur deux, c'était déjà ça ! Erïka se contenta de hausser un sourcil pour toute forme de réaction. N'avait-elle pas compris sa blague ? Non, la russe n'était pas stupide. C'était sans doute qu'elle n'avait vraiment pas le cœur à rire. C'était une petite taquinerie pas bien méchante, elle devait bien s'en douter. Mais ce qu'elle avait vécu pendant son sommeil semblait l'avoir réellement marquée, à tel point que rien ne la faisait réagir. Tant pis, cela n'allait pas dissuader le rouquin de persister dans cette voie. Même si elle ne réagissait pas de la soirée, il se contenterait d'être là, avec elle. En tout cas, voir Evan rire était une bonne chose. Cela prouvait qu'il s'était détendu et que malgré les problèmes qu'il avait pu rencontrer, il avait gardé cette faculté. Le rouquin sourit de plus belle, satisfait de l'effet de sa blague, même si elle ne toucha qu'une personne.

Maintenant ils n'étaient plus que tous les trois, le professeur les ayant abandonnés pour une courte période. Malgré son absence, cela ne changeait pas grand chose. Erïka était toujours aussi froide et Evan n'avait pas l'air de vouloir dormir. Pourtant, il allait bien falloir. L'heure n'était pas propice aux déplacements dans l'Institut et Will se connaissait pour ne pas être du genre discret. N'ayant pas spécialement envie de se faire tirer de nouveau les oreilles, il préféra reporter toute activité au lendemain, une fois qu'il serait certain de ne déranger personne. De plus, cela serait bien plus agréable pour tout le monde, surtout s'il pouvait faire la fête qu'il prévoyait. C'était une raison de plus pour se coucher dès que possible. Mais il devait le reconnaitre, William n'était plus fatigué du tout. Ce n'était pas bien important de toute façon puisqu'il ne comptait plus dormir de la nuit, ayant déjà prévu de passer le reste du temps avec la russe, qu'elle dorme ou non.

Evan fit une révélation pour le moins inattendue. Il ne savait ni lire ni écrire. Même si Will avait passé une partie de sa vie dans la rue, il était parfaitement lettré. Il avait même commencé des études de droits et parlait presque trois langues. Pourtant, cela n'étonna pas plus que ça le rouquin. Lors de sa rencontre avec Evan, celui-ci lui avait vaguement parlé de sa vie d'avant. Il avait vécu enfermé pendant de longues années, plus comme un cobaye qu'autre chose. Ainsi, il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'apprendre quoique ce soit. Même si être analphabète était rare de nos jours, il n'avait pas à en rougir, ce n'était pas par manque de volonté qu'il en était là.

"T'en fais pas pour ça. Ça n'empêchera personne de t'aider. Avant d'être un Institut, c'est une école, un refuge. D'abord on t'prend en main et ensuite on t'aid'ra d'notre mieux. C'est fait pour ça. C'pas à toi de t'adapter à nous mais l'inverse." répondit-il en souriant d'un air encourageant

Erïka y alla de son petit commentaire amical, comme à son habitude. Néanmoins elle n'avait pas tout à fait tort. Lorsque l'on manquait de culture, il était facile de nous faire croire n'importe quoi. C'était sans doute la façon qu'avait la russe de mettre en garde le jeune homme, de le prévenir afin qu'il ne soit pas un simple instrument. Dans un sens, c'était plutôt quelque chose de touchant, même si Will n'était pas convaincu que c'était l'effet qu'elle veuille montrer.

D'ailleurs puisqu'ils étaient de nouveau face à face depuis leur petite dispute, Evan pouvait présenter ses excuses officiellement à la russe. C'était sans doute inutile, connaissant le caractère d'Erïka, mais au moins elle pourrait voir de ses propres yeux qu'il était sincère et qu'il ne mentait pas. Personne ne pouvait mentir à la jeune femme. Evan se lança... ce qui laissa Erïka de glace. Pire, elle le rabroua, lui enfonçant le nez dans son erreur. Sans doute se moquait-elle royalement de ce qu'il pouvait dire maintenant que cette histoire était terminée. Will laissa échapper un léger soupir en les regardant tour à tour. La communication n'allait pas être facile entre eux. Mais il ne pouvait pas les forcer à s'apprécier. Will ne tenait pas rigueur à l'adolescente de la façon dont elle se comportait. Déjà parce qu'elle agissait ainsi en temps normal avec tout le monde. Et même si Evan venait à peine d'arriver et qu'il avait besoin de soutien, Erïka n'était en aucun cas obligée d'en être heureuse. De plus, vu l'état dans lequel elle était juste avant les coups de feu, le rouquin était même content qu'elle daigne lui adresser la parole. Elle aurait simplement pu l'ignorer et retourner s'occuper de ses affaires, mais non, elle les accompagnait. Le borgne se demanda un instant si ce n'était pas sa faute d'ailleurs.

Will resta silencieux pour une fois, ne voulant pas interférer dans leur échange. Il se contenta de regarder le fond de sa tasse remplie d'eau chaude. Elle lui servait juste à lui réchauffer les mains, collées à la surface de l'objet. Après un moment de silence, Erïka prit de nouveau la parole. Et contre toute attente, elle questionna Evan. Son ton n'était pas des plus amicaux mais le plus incroyable, c'était qu'elle s'intéressait à ce que pouvait bien faire Evan ici à cette heure de la nuit. Si elle était curieuse, c'était qu'au final le sort du garçon ne l'indifférait pas tant que ça. Will releva les yeux vers elle et l'observa d'un air surpris avant de lui sourire. Elle faisait l'effort d'être sociable avec lui, le temps qu'ils étaient ensemble. C'était une sacrée victoire. Elle devait n'avoir qu'une envie, partir d'ici et retourner se changer les idées ou rester dans sa chambre. Son comportement glacial démontrait bien qu'elle n'avait pas spécialement envie de s'attarder là et qu'elle était encore secouée par ses cauchemars de la nuit. Pour lui démontrer son soutien sans pour autant le montrer à Evan, Will profita que la table les voilait en partie pour lâcher sa tasse et reposer ses bras le long de son corps. Puisqu'Erïka était assise à côté de lui, il tendit la main vers elle et la posa sur la jambe de celle-ci. C'était simplement pour lui signifier qu'il était là, qu'il était content qu'elle fasse des efforts et qu'il ne l'avait pas oubliée malgré l'arrivée d'Evan. Non, il comptait bien s'occuper d'elle d'ici peu de temps. Il effectua une légère pression sur la jambe de la russe et laissa sa main là, dissimulée par la table afin qu'Evan ne soit pas témoin de son geste envers elle. Erïka n'aimait pas les démonstrations d'affection en public, non ?
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Hank avait profité de la petite demi-heure pour retourner à ses expériences. En ce moment, il tentait d'établir un fait relationnel entre le pouvoir se développant chez un mutant, et le milieu dans lequel il évolue avec comme facteur inconnu, la probabilité d'une manifestation du don selon l'intensité de son besoin. En prenant en compte le fait que des humains possèdent le gêne X mais que celui ci ne se développe pourtant pas. Dans une certaine mesure, cela pourrait paraitre dérisoire, mais au delà de son plaisir personnel à être toujours en quête de savoir, il espérait que cela pourrait un jour aider les mutants à répondre à la question qui hante tout ceux qui ont du souffrir de leur don : pourquoi.

Cela dit, perdu dans ses activités il avait quelque peu oublié son engagement auprès des trois jeunes gens qu'il avait laissé dans la cafétéria. Il se dépêcha donc de retourner sur les lieux, en espérant qu'il n'avait profité de son étourderie pour faire quelque chose de répréhensible. Quand il arriva sur les lieux, il fut heureux de constater que rien n'était anormal, les trois personnes étaient simplement en pleine discussion.

- Loin de moi l'idée d'interrompre ce moment de répit et de bonne entente, mais il est temps d'aller vous reposer. D'autant que mademoiselle a école demain, dit-il en riant. Je vais conduire votre ami vers un lit vide et douillet du dortoir des garçons.

Joignant le geste à la parole, il invita Evan à le suivre à travers les couloirs de l'institut, afin qu'il puisse terminer sa nuit, avant de rencontrer Charles le lendemain.
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Quand Erika entendit que j’étais totalement analphabète, elle me regarda d’un drôle d'air.

-« Faut pas t’étonner si tout le monde arrive à te faire avaler n’importe quoi alors. »

Son commentaire était assez direct et quelque peu blessant, il fallait l’avouer. Après tout, je ne sais ni lire et écrire, alors inutile de me le faire remarquer. Ça ne parait peut-être pas, mais ça fait assez mal pour l’estime de soi-même de ne pas savoir écrire ou lire. J’ai comme l’impression d’être un simple imbécile de service, la plupart du temps. J’ai même de la difficulté à retenir mon alphabet en entier tellement cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de pratiquer. D’ailleurs, comment ça s’écrit «Evan Burns»? Il faudrait bien que je réapprenne à au moins écrire mon nom, c’est un minimum. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de pratiquer grand-chose à part le combat et les exercices physiques dans la base du Projet Soldier. Et maintenant que j’y pense, on devait probablement tous être illettrés là-bas. Peut-être pas en arrivant, mais à force de ne pas pratiquer, on doit bien finir par oublier, non? Enfin, je ne peux pas vraiment savoir puisque je n’ai jamais appris à lire ou à écrire. Et tout ça à car j’ai planté ma première journée d’école. Enfin, c’est plutôt les autres enfants qui l’ont fait planter, mais je suis en partie responsable de tout ça. Enfin bon, ce qui est fait est fait, et cela n’a aucune importance pour l’instant dans la discussion présente. Et Erika avait tout à fait raison sur le sujet. Puisque j’étais plus «arriéré» que les autres personnes de mon âge, cela me rendait sûrement plus manipulable. D’ailleurs, la meilleure preuve est l’ironie de ma nécessité du Dark Men pour lire les écriteaux. Je n’ai jamais su pourquoi, mais contrairement à moi, le Dark Men sait parfaitement. Il semble aussi savoir écrire, vu qu’il a déjà écrit un un message en entier sur le corps du pauvre garçon qui m’avait affronté lors d’une séance d’entraînement. Je me rappelle que c’est lui qui m’avait dit ce qui était inscrit sur l’écriteau de la porte d’entrée qui menait à la section des cellules dans la base. «Prisonniers dangereux», qu’il m’avait dit. Était-ce vrai ou n’était-ce qu’une autre manière de me rendre complètement fou à nouveau. Mais de toute façon, je n’avais pas vraiment le choix vu que c’était la seule personne à qui je pouvais le demander. D’ailleurs, le Dark Men était l’une des rares personnes à me parler dans la base, ce qui ne faisait qu’aggraver mon cas. Au moins, maintenant, j’ai quelqu’un d’autre à qui demander pour me lire des trucs à part ce cinglé.

"T'en fais pas pour ça. Ça n'empêchera personne de t'aider. Avant d'être un Institut, c'est une école, un refuge. D'abord on t'prend en main et ensuite on t'aid'ra d'notre mieux. C'est fait pour ça. C'pas à toi de t'adapter à nous mais l'inverse."

Je répondis d’un sourire amical. Après tout, il avait raison. Cet endroit était un refuge avant d’être un institut. Un endroit où les gens pouvaient enfin trouver l’aide dont ils avaient besoin, un endroit où je pouvais trouver l’aide dont j’avais besoin. Et cette aide, j’en ai vraiment besoin. Et je ne parle pas seulement de mon problème du Dark Men. Il y a aussi le fait que je sois analphabète qu’il fallait régler au plus vite, déjà. Après tout, dans notre société moderne, quelqu’un qui ne sait ni lire ni écrire est quelque peu mal adapté à la société moderne. Et qui sait, peut-être que je trouverai également un moyen de régler mon problème de larmes de sang. Ça ne parait pas être un si gros problème au premier abord, je dois bien l’avouer. Mais si je pleure trop, je peux finir par manquer de sang et tomber inconscient. C’est déjà arrivé lorsque j’ai rejoins la Confrérie, d’ailleurs. Ce n’est pas la chose la plus agréable à vivre, et c’est assez gênant, il faut le dire. Et puis, je n’ai jamais compris pourquoi je pleurais du sang. Probablement à cause de l’une de ces injections plus douloureuse les une que les autres qu’on me faisait quand j’étais dans la base du Soldier.

Quand je présentai mes excuses à Erika, elle ne sembla aucunement ravie de les entendre. Mais bon, c’était tout à fait compréhensible.

-« Si tu es assez stupide pour tirer en direction d’un être invisible en prenant le risque d’atteindre une personne qui n’a rien à voir avec tes histoires de cinglé, c’est ton problème, pas le mien. J’ai seulement eu de la chance de m’en sortir indemne. »

Je ne sais pas pourquoi, mais cette réplique me fit sourire. Peut-être parce que je commençait un peu à la connaître et que je m’attendais à une réponse dans le genre. Elle n’avait pas du tout apprécié le fait que je lui ait tiré dessus la dernière fois, et je le comprenais parfaitement. Mais c’était dans des moments où j’avais peu de lucidité, ce qui était souvent le cas quand le Dark Men m’énervait un peu trop. D’ailleurs, je m’étonnais tout à coup qu’il n’ait passé aucun commentaire depuis que nous étions entrés dans l’Institut Xavier. Pourtant, il était encore là, se tenait derrière Will et Erika. Je lui jetai un regard méfiant, puis retournai à Erika et Will. Après tout, je n’avais aucunement envie de recommencer à essayer de lui tirer dessus et de paniquer parce que je ne réussissais pas. Non, je voulais que la soirée soit parfaite.

-« Je peux savoir ce que tu fiches ici au milieu de la nuit ? »

La question d’Erika me prit au dépourvu. Je me tus alors, un peu gêné. Il fallait dire que je n’étais pas vraiment fier de la raison qui m'a poussé à venir de nuit. Je n’avais tout simplement pas voulu que les autres membres de la Confrérie me voient partir. Après tout, ils m’avaient accueilli comme l’un des leurs, et je leur tournais le dos pour rejoindre leur pire ennemi. Il n’y avait rien, mais absolument rien, de glorieux là-dedans. Mais heureusement, je n’eus pas à répondre à cette question à cause du retour de Monsieur McCoy.

- Loin de moi l'idée d'interrompre ce moment de répit et de bonne entente, mais il est temps d'aller vous reposer. D'autant que mademoiselle a école demain, dit-il en riant. Je vais conduire votre ami vers un lit vide et douillet du dortoir des garçons.

Il était arrivé pile au bond moment. Et puis, je réalisai alors que je commençai à être quelque peu fatigué. Comme quoi, j’étais tellement emporté par l’émotion du moment que je ne m’en étais pas rendu compte. Je me levai donc et m’apprêtai à quitter la pièce. Je m’arrêtai juste avant de sortir pour me retourner et dire un dernier au revoir à Will et Erika avant d’aller me coucher.

-On se revoit demain.

Puis, je suivis Monsieur McCoy. Il me mena à travers des couloirs jusqu’à une chambre libre. Il semblait que je n’avais aucun colocataire, ce qui était au fond une bonne chose. On ne sait jamais quand le Dark Men peut surgir et venir causer la panique, ou tout simplement venir me faire paniquer. Alors il valait mieux que je sois seul pour la sécurité des autres résidents. En voyant cette chambre, je repensais à la discussion que moi et Hypermusic avions eu. Le sujet de l’Institut avait envenimé la discussion, mais j’avais quand même passé un bon moment en sa compagnie. C’est alors que quelque chose me vint à l’esprit.

-Eh, Monsieur McCoy, je voulais savoir si c’étais possible que j’ai une guitare? Ça m’aide à me relaxer et à mieux résister à l’influence du… je vous expliquerais cela plus tard.

Après cela, je partis me coucher et je profitai de la nuit avec grand bonheur, n’ayant aucun cauchemar.
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Evan ne répondit rien à la remarque d'Erïka mais William nota que celui-ci avait dû mal le prendre. Cela se voyait simplement à son visage même s'il restait silencieux. Oui, la remarque le contrariait et il fallait dire qu'il y avait de quoi. La russe n'était pas tendre avec lui, le mettant le nez en plein dans ses erreurs dès qu'elle en avait l'occasion. Mais ce n'était pas le seul sens de ce qu'elle venait de dire. Will y voyait également une façon de prévenir le garçon, de le mettre en garde. Difficile de savoir si c'était volontaire ou non de la part de l'adolescente, mais ce ne serait pas étonnant que ce soit le cas, c'était bien son genre. Malgré son ton désagréable, les paroles d'Erïka n'étaient pas dénuées de sens. Cependant, Will estimait qu'il n'avait pas à intervenir entre eux deux, c'était à Evan de comprendre la phrase autrement. Le rouquin n'était pas là pour compter les points ni pour leur expliquer, comme à des enfants, ce que l'autre voulait dire. Ainsi, il conserva le silence sur le coup, finissant simplement par dire à Evan qu'il n'avait pas à s'en faire et que ce n'était pas là un problème, qu'il recevrait toute l'aide dont il avait besoin sans condition. Au moins, cette réplique sembla faire plaisir à Evan qui se contenta d'un sourire pour toute réponse, preuve qu'il avait saisi le message.

Erïka enchaina en lui demandant ce qu'il fichait ici en plein milieu de la nuit. Oui, c'était une question légitime. Rien n'expliquait qu'il débarque ainsi en pleine nuit alors qu'il aurait pu attendre le lendemain et bénéficier ainsi d'un meilleur accueil. Mais il avait sûrement une bonne raison pour avoir fait ça. Le Dark Men n'y était sans doute pas étranger. Quoiqu'il en soit, Will fut surpris de voir Erïka s'intéresser ainsi à Evan. Même si ce n'était pas forcément d'un intérêt très prononcé pour le garçon, mais plutôt pour la situation, il fallait tout de même noter l'effort de la russe. Le rouquin était persuadé que, quitte à parler, elle préférerait parler d'autre chose, mais que la situation ne le lui permettait pas encore. Pour lui montrer qu'elle n'était pas seule et qu'il ne l'avait pas oublié, Will posa la main sur la jambe de la jeune femme. Il ne pensa pas sur le coup qu'elle sursauterait ainsi, se cognant même contre la table. Son intention n'étant pas de lui faire peur, Will lui offrit un sourire désolé mais ne bougea pas sa main pour autant. Elle n'avait pas l'air d'avoir mal pris le geste, simplement surprise.

Evan avait l'air plongé dans ses pensées, restant silencieux. Est-ce que le Dark Men l'insultait en boucle pour être venu ici chercher de l'aide ? Même sans ça, il était facile d'être mal à l'aise, ainsi questionné. Pourtant, il était avec deux résidents de l'Institut, ils le connaissaient et il aurait pu enfin se détendre, sans se sentir agresser. Il y avait de quoi s'interroger après tout. Mais le moment était peut-être mal choisi. Entre Erïka qui était tendue à cause de ses mauvais rêves et Evan qui devait être épuisé par sa cavalcade nocturne, il n'était pas anormal qu'il y ait une certaine tension. De plus, Evan venait de se voir refuser ses excuses, ce qui ne devait pas l'aider à accepter la situation avec un grand sourire. Will allait ouvrir la bouche pour lui dire qu'il n'y avait pas à s'en faire et que peu importe les raisons il était le bienvenue, lorsque la voix du Fauve résonna derrière eux.

Il était donc temps de se séparer. Pour la nuit en tout cas. Demain serait un autre jour, sûrement plus joyeux et Evan aura ainsi la possibilité de visiter à son aise l'Institut, mais aussi de rencontrer les membres du personnel. Il allait être occupé dans les jours à venir, c'était certain ! Will et Erïka allaient donc se retrouver seuls, tandis que le professeur menait Evan à sa chambre. Le rouquin se leva pour aller tapoter l'épaule de son ami.

"Dors bien ! On r'parlera demain ! Bonne nuit et.. bienvenue chez toi encore une fois !" fit-il en souriant.

Le duo étrangement assorti quitta la pièce et le second duo se retrouva seul. Malgré l'absence des deux autres, Erïka ne disait pas un mot. A vrai dire, jusqu'à présent, elle n'avait pas été très bavarde, même lorsqu'ils avaient été seuls. Sans doute ne se sentait-elle pas encore à l'aise ou n'avait plus envie de parler, désirant juste enfin trouver le repos. Le professeur avait en tout cas fait remarquer qu'il était temps pour elle de retourner dormir. Si celui-ci n'avait rien dit quant à leur présence dehors à cette heure bien matinale, mieux valait ne pas prendre le risque de violer davantage le couvre-feu. Retourner dans les chambres était la meilleure solution. A vrai dire non. Erïka y était obligée, mais pas William. Il avait tout le loisir de faire ce qu'il voulait, n'étant pas un élève. Néanmoins, il doutait que se balader inlassablement dans les couloirs du manoir était une bonne idée. De plus, il ne voulait pas laisser Erïka toute seule.

Sans prévenir, sans un mot, la russe sortit de la pièce et prit la direction des chambres. Will allait la suivre et se stoppa, remarquant qu'ils n'avaient pas rangé les accessoires qu'ils avaient sortis. Il hésita un instant à utiliser son clone pour ça mais finalement n'en fit rien. Trop fatiguant. Il rangerait ça plus tard. Sans plus attendre, il suivit l'adolescente qui se rendait d'un pas lent vers son lieu de repos. Quoiqu'elle fasse, le rouquin avait déjà une idée bien en tête. Il resterait avec elle toute la nuit, jusqu'au lendemain matin. Elle n'était clairement pas venue le réveiller pour rien, elle avait au moins besoin d'une présence, à défaut de parler. Et Will comptait bien rester là, même à ne rien faire, juste pour lui montrer qu'il veillait sur elle. Pour le borgne, la nuit était terminée. S'il était fatigué, cela attendrait le lendemain, dans l'après-midi... avec une petite sieste par exemple.

Arrivés devant la porte, Erïka se stoppa mais n'ouvrit pas pour autant. Elle était tendue, cela se voyait. Edge patientait derrière, comme son ombre, ne voulant pas la brusquer. Elle ne lui avait pas demandé de la suivre mais elle ne s'en plaignait pas pour autant. Quelque chose dans l'idée de retourner dans cette chambre devait la terrifier. Si ce n'était que ça, le rouquin allait faire le premier pas. Il la dépassa, posa la main sur la poignée et ouvrit la porte, s'engouffrant à l'intérieur de la chambre avant de tatonner pour allumer la lumière. Une fois la pièce éclairée, il attendit sagement que la russe entre à son tour avant de refermer derrière elle.

"Va t'falloir supporter ma présence pour l'reste d'la nuit, j'le crains !" lança t-il en souriant comme si elle n'avait pas compris qu'il comptait bien s'incruster pour toute la durée de la nuit
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