Aujourd’hui, j’avais ma première rencontre avec le fameux Professeur Xavier. Cela me rendait quelque peu nerveux d’aller voir quelqu’un d’aussi important que lui. Après tout, Charles Xavier, ce n’est pas un n’importe qui qu’on peut rencontrer au coin de la rue en marchant comme ça. C’était vraiment quelqu’un d’exceptionnel, cet homme. C,tait un grand homme reconnu, et il avait ouvert cette institut pour en faire un refuge pour tout mutant désirant y entrer, ce qui avait d’ailleurs été mon cas récemment. On m’avait expliqué que c’était un mutant télépathe de très très haut niveau. Cela me rassurait au plus haut point, car comme ça, il ne se produira pas la même chose qu’avec la télépathe dans la base du Soldier, au moins. D’ailleurs, juste à penser à elle, des larmes commencèrent à couler de mes yeux et le sang commença à tâcher le sol de ma chambre. Elle me manquait tellement. Ses paroles étaient si réconfortantes, elles me redonnaient courage en un rien de temps et me permettaient de passer à-travers n’importe quel épreuve dans cet enfer qu’on vivait chaque jour. Sa voix, son sourire, la douceur de ses mains. Je commence peu à peu à réaliser que j’étais profondément amoureux d’elle. Et cela fait encore plus mal de la savoir partie au loin, et ma haine pour le Dark Men n’en était que plus intense. Et malheureusement, il ne me reste plus rien d’elle. Rein pour prouver qu’elle a déjà existé, qu’elle était là pour moi. Il n’y a plus rien à part mes souvenirs, chose banale comparé à une photo ou un collier, n’importe quoi qui nous serve de souvenir. Les pensée vont et viennent, les objets non. Mais il ne me reste plus que deux choses d’elle : mes souvenirs et le sourire sadique du Dark Men lorsque celui-ci m’annonça qu’il avait détruit son esprit, sourire qu’il affiche presque en permanence. En parlant de lui, il riait grandement, probablement heureux de ma tristesse et de ma peine.

-Je te hais…

-Quoi qu’est-ce que tu as dit? Je ne t’ai pas entendu? Répète un peu, veux-tu?

-Je te hais. Je te hais. Je te hais! Je te hais! JE TE HAIS!

-Ah! C’est ce que j’avais cru comprendre!

Il se remit à rire de plus belle. J’avais envie de lui crier dessus, de le frapper, de le tirer, de le blesser, de le tuer. J’étais en colère intérieurement, j’avais un désir de vengeance envers le Dark Men pour tout ce qu’il a fait subir à moi et à tant d’autres. Mais je réalisai alors que c’était une chose extrêmement futile de ma part. Il avait l’avantage sur moi depuis le début, et je en crois pas que ça changera bientôt. Je ne peux pas lui faire subir ce qu’il a fait subir aux autres, tout le mal qu’il a fait. Pour lui, ce n’est qu’un jeu, un passe-temps pour s’amuser. Pour lui, voir souffrir des gens est une source de plaisir grandiose. Mais pour moi, c’est un enfer. Vivre avec ce monstre en moi est vraiment une plaie, un fardeau dont je veux me débarrasser désespérément. Normalement, je refuse de tuer ou de détruire quoi que ce soit. La vie ne devrait pas être anéantie en un instant, comme ça, d’un seul coup. Je refuse d’ailleurs toujours et encore de me battre, à moins que ma propre vie ou celle de personnes chères soient en danger, et même là, je préfère éviter les combats. Mais dans le cas du Dark Men, on ne pouvait plus parler d’un être humain. D’ailleurs, il ne l’avait jamais été. Il méritait vraiment d’être détruit, mais vraiment. C’était un monstre, purement et simplement. Il n‘y a pas d’autre mot pour le décrire. Autrefois, je n’avais rien pour lui résisté. Mais maintenant, le professeur Xavier est là pour m’aider à le contrôler. EEt puis, il y a aussi la guitare. Ça ne fait pas le même effet que quand c’est Hyppy qui joue, mais c’est quand même efficace. Je regardai alors le cadrant dans ma chambre.

-Oh non, je suis en retard!

Il fallait que je me dépêche. Normalement, cela faisait 5 minutes que j’aurais dû être avec le professeur Xavier. À mon grand regret, je décidai de laisser ma guitare dans la chambre, malgré le fait qu’elle m’aide énormément. Mais on m’avait conseillé de ne pas l’apporter durant ma rencontre avec le Professeur, histoire qu’il puisse juger de mon état à la normale. Ça sonnait comme une rencontre avec un psy, et je m’en réjouissais. C’est bien le genre de chose dont j’avais besoin. S’il pouvait m’aider, alors il fallait que je le laisse faire. Je courais donc dans les couloirs de l’institut, bousculant au passage d’autres résidents. Je m’excusai alors et continuai ensuite ma route. Finalement, j’arrivai dans le bureau du Professeur. Je cognai à la porte, puis j’entendis quelqu’un me dire que je pouvais entrer.

-Hum…désolé pour le retard…

Quand j’entrai, je trouvai le Professeur Xavier derrière son bureau. Il était moins impressionnant en vrai que je le pensait. Pourtant, il dégageait une sorte d’aura rassurante, ce qui me conduit à accepter son invitation à venir m’assoir. J’étais quelque peu stressé à cause de mon interlocution avec le Dark Men dans ma chambre.

-Hum… Je crois qu’on vous a déjà parlé de mon… problème, non?

Dès l’aube, le professeur Charles Xavier s’affairait à remettre de l’ordre dans les papiers reposant sur son imposant bureau de chêne. Le fait d’être directeur d’un si grand institut tel que le sien entrainait de lourdes responsabilités desquelles il ne pouvait se défiler. Il se devait, également, de prendre grand soin des résidents, pas tout à fait comme les autres, de son établissement. Parfois, il aidait certains élèves à maitriser leurs capacités afin que celles-ci ne leur fasse pas vivre l’enfer. Certains dons étant plus difficiles à contrôler que d’autres, Charles devait se montrer des plus patients. En plus de cela, il fallait ajouter ces étudiants qui nécessitaient un soutien psychologique. Heureusement pour lui, il avait la chance d’être seconder par d’excellents professeurs, également membres des X-Men. Sans eux, l’institut ne serait pas ce qu’il était aujourd’hui.

Rangeant quelques feuilles éparses dans un dossier bien peu épais, le professeur attendait patiemment la venue d’un nouveau résident. Il n’avait toujours pas eu la chance de la rencontrer, le jeune homme ayant enjambé l’imposante clôture métallique entourant le terrain de l’institut au beau milieu de la nuit. Hank s’était chargé de lui. Aucun problème majeur ne s’était déclaré, ce qui était une bonne chose. À présent, Charles désirait faire connaissance de ce jeune mutant au pouvoir bien étrange. Il n’était pas certain de bien cerner sa nature. Cette rencontre allait lui permettre d’en savoir davantage dans le but d’aider ce jeune mutant déboussolé. Justement, il ne devrait plus tarder.

Les minutes s’écoulèrent lentement, mais aucun signe du jeune homme nommé Evan. Le professeur consulta à maintes reprises la grande horloge de son bureau. Un simple retard pouvait survenir, il ne s’en formalisait pas. Cependant, si le nouveau venu ne franchissait pas la porte de son bureau dans les minutes suivantes, le télépathe tentera de le repérer à distance. Heureusement, il n’eut aucun besoin de le faire. Lorsque les coups sur la porte résonnèrent aux oreilles du professeur, ce dernier invita son visiteur à pénétrer dans la pièce. Lorsqu’il aperçut le jeune homme, le directeur le salua.

-« Bonjour, Evan. »

Installé devant son bureau, les mains jointes devant lui, Charles toisa Evan avec le sourire. Le jeune homme s’excusa pour son retard. Le professeur ne fit pas disparaitre son léger sourire rassurant pour autant, invitant, d’un signe de main, le mutant à prendre place sur le fauteuil faisant face à son bureau. Il attendait qu’Evan soit bien installé avant de prendre la parole. Cependant, ce dernier fut plus rapide, visiblement pas très à l’aise en ce moment.

-« Hum… Je crois qu’on vous a déjà parlé de mon… problème, non? »

-« Effectivement. J’espère que cet institut pourra t’aider à te sentir comme chez toi. Nous sommes ici pour t’aider, tu n’as pas à avoir peur. Je crois que tu sais déjà qui je suis, mais je tiens tout de même à me présenter. Je suis Charles Xavier, le directeur de cet institut. Mon but est d’aider les personnes possédant un don à le maitriser ainsi qu’à se préparer à vivre dans la société. J’ai espoir qu’un jour, les mutants pourront cohabiter pacifiquement avec les humains. » Il marqua une courte pause avant de poursuivre. « J’aimerais que tu me parle de ton pouvoir, Evan. Chaque personne porte un regard différent sur le don qu’il possède et sur la façon de l’utiliser. Il comporte également son lot de risque. Pour la sécurité des résidents ainsi que la tienne, il est important d’être en mesure de minimiser les risques d’accident ainsi que de blessures lors de son utilisation. »

Avec ses mains croisés et son regard perçant, j’avais presque la drôle d’impression qu’il scrutait à l’intérieur de ma tête, littéralement. Mais bon. Dans son cas, c’est tout à fait normal. Après tout, n’est-ce pas le télépathe le plus puissant de toute la planète que j’ai assis devant moi? Il me sourit gentiment. Pourtant, j’avais quand même une sorte de malaise en sa présence, l’impression d’être un simple vermisseau devant un roi. Mais au fond, qu’étais-je face à cet homme? Un type un peu moins en santé mentalement que la plupart des gens, mais à part cela? Au fond, je commençai à réaliser que contrairement à lui, je n’étais qu’un être parmi tant d’autre, quelqu’un incapable de s’élever au-dessus de la foule. Alors que lui, et bien c’était un roi parmi les mutants, façon de parler bien sûr.

-« Effectivement. J’espère que cet institut pourra t’aider à te sentir comme chez toi. Nous sommes ici pour t’aider, tu n’as pas à avoir peur. Je crois que tu sais déjà qui je suis, mais je tiens tout de même à me présenter. Je suis Charles Xavier, le directeur de cet institut. Mon but est d’aider les personnes possédant un don à le maitriser ainsi qu’à se préparer à vivre dans la société. J’ai espoir qu’un jour, les mutants pourront cohabiter pacifiquement avec les humains. »

J’étais vraiment heureux de savoir cela qu’il allait m’aider. Je le savais déjà, pour tout dire, mais le fait de l’entendre de sa propre bouche. Une petite voix au fond de mon être criait «Hourra!» de bonheur. Il allait vraiment m’aider! J’étais tellement heureux! Un grand sourire apparu sur mon visage et l’espoir emplis tout à coup mes yeux. J’avais maintenant toute les confirmations selon lesquelles il voulait vraiment m’aider à régler mon problème. Je jetai un regard victorieux au Dark Men, qui poussa quant à lui une plainte de mépris. Mais au fond, nous savions tous les deux que c’était enfin un pas vers ma victoire. J’avais maintenant une aide extrêmement concrète et efficace. Mais en même temps, les doutes restaient. Et si au final ça se terminai comme avec le Projet Soldier ou avec la Confrérie. Ils avaient tous dit qu’il ne voulait que m’aider, mais au final, ça c’est très mal terminé avec le Projet et j’ai vécu un de ces enfers là-bas. Quant à la Confrérie, je n’ai malheureusement rien eu de concret de la part de Magneto, l’aide venant plutôt d’Hyppy. Le professeur repris alors son discours. Mais cette fois, j’étais certain que c’était de l’aide clairement concrète qui allait venir, j’en étais certain.

« J’aimerais que tu me parle de ton pouvoir, Evan. Chaque personne porte un regard différent sur le don qu’il possède et sur la façon de l’utiliser. Il comporte également son lot de risque. Pour la sécurité des résidents ainsi que la tienne, il est important d’être en mesure de minimiser les risques d’accident ainsi que de blessures lors de son utilisation. »

Il voulait vraiment en savoir plus sur mon pouvoir? Ça me faisait toujours mal d’entrée dans les détails, car cela impliquait bien sûr toutes les personnes que le Dark Men avait tuées. Je détestais ces moments de ma vie, et c’étaient probablement les choses qui m’avaient marqué le plus au court de ma vie. Alors autant en parler au Professeur. Après tout, il ne peut pas m’aider si je ne lui explique pas, non? Je pris donc une bonne inspiration et me lançai.

-Mon…pouvoir… consiste en le fait de pouvoir matérialiser cette créature meurtrière qui est dans ma tête, le Dark Men. Ou du moins je crois que ça se résume à cela. Il essaie toujours de me déstabiliser mentalement pour que je fasse une crise. Et quand j’en ai une, ça le fait apparaitre. Mes crises déclenchent mon pouvoir, en gros. Et quand il sort, c’est un vrai désastre. II ne pense qu’à tuer et à faire souffrir les gens, moi en particulier! Le massacre du zoo Bronx, c’est lui! Les morts sur les docks, c’est lui aussi! Il a tué mes parents alors que j’étais dans la pièce! Il a… il l’a tuée elle! Ce monstre est incontrôlable!

-Et toi tu es faible et fou par-dessus le marché !

-Vous voyez! Il tente de me faire craquer! Il… il est incontrôlable! Il n’y a aucune manière d’utiliser ce pouvoir d’une…

Je repensais alors à ce moment dans la base du Projet Soldier, ce moment que je crains tant de parler. Mais peut-être lui y verrait-il autre chose qu’un simple massacre sanguinaire de la part d’un fou.

-En fait, il y a peut-être un moment où les choses furent différentes…

Le Dark Men m’énervait vraiment aujourd’hui. Il avait toujours eu le don de m’énerver et de me mettre en état de crise, bien sûr. Sinon, je ne serais pas actuellement dans ce bureau à chercher l’aide du professeur Xavier ici présent. Mais bon, malgré tout, j’avais parfois l’impression qu’il y avait des moments durant lesquelles il était plus… comment je pourrais dire cela? Plus puissant peut-être? Ça aurait du sens comme description. Après tout, cela lui donnait une plus grande emprise sur moi parfois, et donc plus de pouvoir sur moi. Et puisque que pouvoir et puissance sont deux choses à-peu-près similaires, ça serait tout à fait logique. Mais comme je le disais, il arrive qu’il soit plus «insistant». Peut-être parce que actuellement on parle de lui, il a tendance à plus se manifester et à m’énerver. Ça aurait vraiment du sens, en tout cas. Mais en même temps, je ne suis pas certain que ce monstre obéisse à une certaine logique. Après tout, c’est vraiment un foutu monstre! Ce n’est qu’un tueur fou qui ne pense qu’à lui-même! Au moins ça, c’est certain! Il mériterait vraiment la mort! Cela me fit tout à coup bizarre de désirer la mort de quelqu’un, moi qui était pourtant un si grand pacifiste qui détestai ne serait-ce que de combattre. Non mais sérieusement, je pense que la violence ne doit jamais, mais au grand jamais, être une solution. Elle n’apporte que le malheur. Et la mort, c’est la même chose. Cependant, le Dark men méritait vraiment de mourir! Le monde ne s’en porterait que bien mieux s’il arrêtait d’exister! Et puis, qui le pleurerait? Personne!

C’est alors que le professeur me fit signe de me calmer. Dans un sens, il avait raison de me le demander. Après tout, comme je venais de lui expliquer, mes pouvoirs s’activent quand j’ai une crise. Hors, si je m’énerve, il y a de bonnes chances que tout cela finisse par une crise. Et c’était bien la dernière chose que je souhaitais. Alors je tentai de faire mon possible pour arrêter de m’énerver et me calmer. Je pris une grande respiration, m’assis dans ma chaise et fermai les yeux. Pour moi, fermer les yeux sans pour autant dormir était la seule et unique manière que je connaissais pour que je ne voie plus le Dark Men. Vu qu’il apparaissait souvent dans mes rêves et qu’il se trouvait partout où je regardai, remplaçant même mon reflet à mes yeux, fermer les yeux me permettait enfin de ne plus voir son horrible visage de monstre. Ça me permettait enfin de relaxer et de penser à autre chose que lui à tous les cinq minutes. La seule problème, c’est que j’entendais encore et toujours sa voix, même si j’essayais de me boucher les oreilles. Sa voix grave arrivait quand même à moi, peu importe ce que je faisais. Mais au moins je ne le voyais plus, et c’était déjà cela de gagné. Étonnement, cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas utilisé ce truc. Cela devait remonter à quoi, il y a 4 ans de cela? En tout cas, il fonctionnait assez bien. Mais bien sûr, je ne pouvais pas vivre les yeux fermés tout le temps, c’était impensable. Alors il fallait que je me résigne à voir le Dark Men la plupart du temps.

Le professeur recula alors avec sa chaise roulante. Il se déplaça alors proche de moi pour une raison inconnue. Je le regardai alors, s’arrêtant tout à coup. Et j’observai alors ce qu’il était venu faire ici en se déplaçant. Il se tenait juste devant le Dark Men. Celui-ci lui lança un regard mauvais à l’homme qui lui faisait face. Je réalisai alors que le professeur pouvait sentir la présence du Dark Men! Ça me fit un choc. Mais en même temps, Hyppy aussi était capable de le faire. Et puis, le professeur est également un télépathe. Alors il est en partie normal qu’il puisse ressentir la présence du Dark Men.

-« Prend ton temps Evan. Cela semble peut-être difficile, mais tu dois ignorer ce qu’il te dit. Mets de l’ordre dans ton esprit et explique-moi calmement ce qui s’est produit. Si tu te laisses atteindre facilement par le Dark Men, tu entres alors dans son jeu. Il faut éviter qu’une telle situation ne se produise. Tu peux prendre ça comme un défi : fais comme s’il n’y avait que toi et moi dans cette pièce. Nous nous occuperons de lui plus tard. »

Bon, allez, il fallait que je lui en parle.

-À l’époque où j’étais dans la base du Projet Soldier, j’ai un jour vu mon pouvoir m’apparaitre…différemment. Au fond, je m’étais mis à écouter les conseils du Dark Men, pensant qu’il m’aiderait à survivre dans cet enfer. Malheureusement, la seule chose que cela m’a apporté, c’est de tuer plusieurs personnes. Pourtant, grâce à lui, j’avais réussis à matérialiser ses… ses armes.

Juste le fait de mentionner qu’un jour, je l’avais écouté, ne serait-ce qu’une seule et unique fois, me donnait honnêtement le goût de vomir. Bien entendu, je réussis à me retenir tant bien que mal, mais l’impression et le mal de cœur étaient quand même là. Après tout, c’était probablement le moment le moins glorieux de toute ma vie. J’avais vraiment honte d’avoir agis ainsi, d’avoir tué toutes ces personnes, d’avoir pris plaisir à les voir souffrir. J’étais en train de devenir comme le Dark Men, un monstre sans cœur, une créature qui ne pense qu’à tuer. Encore aujourd’hui, j’avais encore beaucoup de peur de redevenir comme ça, malgré l’aide qu’on m’offrait et qu’on m’avait offert. Je n’osais même pas m’imaginer tenant l’un de ces couteaux meurtriers dans mes mains. Non, je ne voulais plus jamais, mais au grand plus jamais revivre ça. Plus jamais! Juste à y repenser, je me mis à pleurer des larmes de sang. Cela me faisait peur de devenir comme le Dark Men, il fallait le dire clairement. Mais au fond, qu’est-ce qui pouvait vraiment m’empêcher de re-sombrer dans cette folie meurtrière qui m’avait habité ce jour-là? Qu’est-ce qui me disait qu’un jour, je ne tenterais pas à nouveau d’écouter toutes ces conneries que le Dark Men me raconte? Rien. Rien ne me garantissait vraiment que j’étais hors de danger de retomber un jour là-dedans. Et cela me donnait vraiment froid dans le dos. Même avec l’aide que je pouvais recevoir ici, comment être certain que ça n’arrive pas encore? Le professeur Xavier m’observait en silence, paraissant un peu intrigué par tout cela, même si son calme parfait me déconcertait quelque peu. Après tout, voir quelqu’un d’aussi calme me donne presque toujours l’impression qu’il a quelque chose derrière la tête, même si je ne saurais dire pourquoi. Après tout, ce n’est aucunement dans mon genre de me méfier des autres. D’ailleurs, c’est carrément le contraire. Je suis probablement le type le plus naïf de tout l’Institut Xavier. Puis, après un long silence qui me parut être le plus long de toute ma vie, il parla enfin.

-« Tu dis que tu as réussi à matérialiser les armes du Dark Men. Cela étant sans entrer dans l’une de tes crises, est-ce bien cela ? Dans ce cas, cela démontrerait la possibilité d’exploiter cette partie de ton pouvoir sans nécessairement invoquer le Dark Men. J’aimerais t’aider à découvrir cette capacité et, si cela est possible, te mener à garder le dessus sur lui. Il semble te tourmenter sans cesse, mais il est possible de mettre fin à cela si tu es prêt, bien entendu. Ce ne sera pas une mince tâche et le travail sera long et pénible, mais il te permettra une meilleure maitrise de ton don. »

Je le regardai, les yeux grands ouverts. Il semblait avoir compris la complexité de mon problème en moins d’une journée, après que nous ayons seulement échangé quelques paroles par-ci par-là. Je n’arrivais tout simplement pas à croire qu’il soit si vite arrivé ce raisonnement. C’était tout simplement époustouflant. Mon visage s’emplit d’espoir. Le Professeur était tellement impressionnant! S’il avait si vite tout compris, alors il pouvait peut-être réellement m’aider! C’était clairement la personne dont j’avais besoin pour surmonter ce problème qu’était le Dark Men. Il allait pouvoir m’aider à régler tout cela! Oui, j’en étais certain! Il y avait cependant un petit hic dans tout cela. Je pensais qu’il m’aiderait peut-être à le détruire, mais il me proposait plutôt de l’aide pour le contrôler, lui et ma capacité à le faire apparaître. Je n’avais pas vraiment pensé à cette possibilité, et même si je n’étais pas certain de vraiment la voir comme réalisable, je crois que je vais faire confiance au Professeur et suivre ses conseils.

-Vous avez vraiment tout compris!

Puis, il changea de sujet pour un autre que je n’appréciais guère non plus. Un sujet qui me rappelait trop de mauvais souvenirs.

-« J’aimerais te poser quelques questions au sujet du Projet Soldier, que tu as invoqué. Pourrais-tu m’expliquer ce qu’il en est ? »

Alors il voulait vraiment savoir. Malgré la douleur que cela me provoquait de repenser à cet enfer, à tout ce qu’on m’a fait subir là-bas pour «mon bien», je décidai de lui en parler. Je commençai alors à tout lui expliquer d’une voix tremblante.

-Je n’ai jamais vraiment trop su qu’est-ce que c’était. Je crois bien que c’est une organisation secrète, mais je ne sais pas si elle travaille avec le gouvernement ou non. J’espère que non, car sinon… notre nation est tombée bien bas… Le peu que je sais, je l’ai appris dans une base au milieu d’un désert… Là-bas, j’étais enfermé dans la section des prisonniers dangereux, ou du moins c’est ce que le Dark Men disait, vu qu’il sait lire et pas moi… Ensuite, on me faisait subir des entraînements sévères et des expériences pour… je ne sais pas! Ils disaient que c’était pour mon bien… que je n’aurais plus de problème après. J’ai surtout l’impression qu’ils voulaient trouver une manière d’utiliser le Dark Men comme arme. Et je n’étais pas le seul… On était plus de cinq cents je dirais. Par exemple, j’étais le numéro… j’ai pas envie de le dire, ça me rappelle trop de mauvais souvenir. Je me rappelle de certains… Le Larveux, un type aussi sadique que le Dark Men, ou presque… Il est mort maintenant, et qu’il repose en paix quelque part…probablement en enfer dans son cas… Il y avait aussi Despawner, mais je ne le connaissais pas beaucoup. Je ne sais même pas s’il est en vie ou non. Et puis… il y avait la télépathe…elle…

Je me mis alors à pleurer à grand flots.
.

Le professeur Xavier avait de nombreuses années d'expériences en ce qui concernait l'aide aux mutants en difficulté. Il en avait vu de toutes les couleurs et ce n'était pas le Dark Men qui allait l'empêcher de venir en aide à Evan. Ce dernier semblait espérer énormément de lui, se raccrochant aux solutions qu'il proposait. Malgré tout, Charles désirait être clair sur un certain point : les efforts à fournir seront gigantesques et il lui faudra s'armer de beaucoup de force et de patience afin d'arriver à contrôler son don. Le professeur était prêt à suivre Evan tout au long de son parcours, souhaitant également s'assurer de sa santé ainsi que de sa sécurité. En aucun cas il ne désirait la matérialisation du Dark Men, ce qui pourrait se révéler terriblement dangereux pour lui et pour les autres. Cependant, le directeur n'excluait pas la possibilité qu'un jour, si Evan était prêt à cela, il puisse permettre au Dark Men de se libérer dans un espace sécurisé, là où il ne pourrait faire du mal aux autres résidents, comme dans la salle des dangers, par exemple. Quoi qu’il en soit, il gardait ce genre de réflexion pour plus tard.

-« Vous avez vraiment tout compris! »

La confirmation d’Evan aida le professeur à comprendre la situation. Il était sur le bon chemin, ce qui était un excellent début. Cependant, jusqu’à présent, seul des paroles avaient été échangées, rien de plus. Avec le temps, il sera question d’actions, de gestes concrets démontrant à Evan qu’il possédait un grand potentiel qu’il pouvait exploiter à son avantage. Laissant ce sujet légèrement de côté pour l’instant, le directeur posa une simple question au jeune homme lui faisant face concernant le projet Soldier. Jamais il n’avait entendu parler d’une telle organisation, ce qui éveilla sa curiosité.
Il écouta avec attention ce nouveau résident dont la voix tremblait de plus en plus au fil de cette dure histoire. Il n’arriva pas à terminer son récit, pleurant de chaudes larmes carmines, ce qui inquiéta immédiatement le professeur. Il tendit la main afin d’attraper une boite de mouchoir posée sur son bureau. Il l’offrit à Evan, soucieux.

-« C’est… du sang ? » Commença le professeur, plutôt pour lui-même que pour le jeune homme. « Calme toi Evan, prend le temps de mettre de l’ordre dans tes idées. Je comprends qu’il n’est pas facile d’en parler. Sèche tes… larmes. Si tu n’y arrive pas, je ne t’oblige pas à en dire davantage. »

Pendant ce temps, Charles se permit de revenir sur les paroles d’Evan, traitant toutes ces informations qu’il lui avait confiées. Une base au beau milieu du désert. Des prisonniers. Des entrainements. Des expériences. Tout cela ne l’enchantait guère. Si des individus sans scrupules osaient utiliser les mutants comme de simples cobayes, il fallait agir. Cependant, le peu d’informations qu’il possédait ne pouvait l’aider à cibler précisément l’endroit de cette base, ni même sur ceux la dirigeant. Malgré tout, il comptait bien en toucher un mot à quelques membres des X-Men qui pourront l’assister dans ses recherches. Pour l’instant, il avait une idée générale de la situation d’Evan. Ce dernier semblait toujours aussi affecté par ce qui s’était produit dans son passé. Il valait mieux le laisser se reposer.

-« Je crois que nous pouvons clore cette discussion ici. Je vois bien que ce n’est pas évident de parler d’un sujet aussi sensible. Malgré tout, j’en sais suffisamment sur ta mutation pour prendre certaines mesures afin d’éviter la manifestation du Dark Men. Lorsque tu seras prêt à poursuivre ton histoire, je serais là pour t’écouter. Tu peux venir à mon bureau n’importe quand. Si tu as besoin de quoi que ce soit, les professeurs ainsi que moi-même sommes là pour t’aider. »
.